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La lutherie au siècle de la Révolution industrielle

22 juin 2017

François, Nicolas ou Charles Claudot, leurs enfants, tous ont appris un métier en pleine mutation. Comment ont-ils pratiqué leur art alors que la lutherie entrait dans le siècle de la Révolution industrielle ?

Découpe du bois, fabrication et pose du vernis, maîtrise de l’acoustique, autant de gestes et de connaissances nécessaires au luthier.  La lutherie est-elle alors un art ? Oui selon l’Académie française qui définit l’art comme la règle et la méthode de bien faire un ouvrage.

Mais art et industrialisation sont-ils compatibles ? C’est que pensent les membres de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. Fondée en 1801, cette société d’émulation se donna pour ligne directrice “d’éclairer les artistes…en les mettant en rapport…avec les savants”.  Cette position n’est pas du goût de tout le monde, et rapidement des voix s’élèvent pour critiquer cette position. Pour ces opposants, dont fait partie Balzac, l’industrie transforme la matière alors que l’art exprime la pensée.

 

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Et la lutherie dans tout ça ?

La lutherie n’échappe pas au siècle de la Révolution industrielle. L’essor de la classe bourgeoise et des écoles de musique durant le Second Empire (1852 – 1870) créé une hausse de la demande. Des marchands négociants de Mirecourt l’ont bien compris et lancent une production des violons à une plus grande échelle que la simple fabrication en atelier.

Ainsi sont dénombrés pour le département des Vosges :

  • 8 ateliers et 300 luthiers en 1856
  • 22 ateliers et 500 luthiers en 1875
  • 14 ateliers (de 5 à 50 ouvriers) et 200 luthiers à leur compte en 1896
  • 26 ateliers et 630 salariés en 1906

Mirecourt n’est pas épargnée. L’étude des recensements indique une augmentation de la main d’œuvre (220 luthiers en 1881, 430 en 1901), avec une féminisation du métier qui correspond à l’élargissement des gammes de production.

L’industrialisation aura pour conséquence un déclin de la formation et de l’apprentissage (lire à ce sujet Le luthier de Mirecourt), une mécanisation partielle ainsi qu’un morcellement du travail. En effet, à l’ère de la Révolution industrielle apparaît une fabrication de la lutherie à plusieurs degrés, où manufactures, ateliers et travail à domicile sont liés.

 

Comment travaillaient François, Joseph, Nicolas ou Charles pendant ce siècle de la Révolution industrielle ? Je pense que la branche Bertrand, luthiers plus modestes, a rejoint les grands ateliers de fabrication industrielle. Quant aux Claudot, je les imagine dans leurs ateliers, travaillant peut-être à façon pour des marchands négociants. Quoiqu’il en soit, je sais que certains de leurs violons ont traversé les temps.

 

Sources et bibliographie

photo credit: Jacek.NL via photopin (license)

Dictionnaires d’autrefois, Dictionnaire de l’Académie française, première édition (1694), lien

Wikipedia, Société d’encouragement pour l’industrie nationale, page modifiée le 28 mai 2017, lien

Eric Tisserand, Etudier la lutherie de Mirecourt au siècle de la Révolution industrielle, dans Les Amis du Vieux Mirecourt-Regain & Musée de la Lutherie et de l’Archèterie françaises, Les sources de l’histoire de la lutherie, Mirecourt, p.37-60

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