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Le cas Jean Antoine Firmin MERLE

20 mars 2020

La généalogie offre régulièrement son lot de surprises. Que ce soit au détour d’une archive, d’un arbre en ligne, nous découvrons parfois des pans de vie insoupçonnés. Jean Merle est arrivé chez moi par courrier. Il était accompagné de son fils, Jean Antoine Firmin.

Jean Antoine Firmin est l’aîné des enfants Merle. Il naît le 5 septembre 1839. En 1856, il est passementier, une profession que l’on retrouve beaucoup dans cette région. Les femmes sont souvent rubanières. En 1867, il est présent au mariage de sa sœur Marie Virginie avec Jean Claude Boudarel. Il est alors aubergiste, probablement avec son père.

Un Merle escroc

Nous le retrouvons ensuite dans le Journal de Montbrison, pour une sombre affaire de faux et usage de faux.

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Archives municipales de Montbrison

Le 1er septembre 1891, Jean Antoine Firmin Merle comparaît devant la Cour d’Asssise de la Loire pour faux et usage de faux.

L’article relate en détail les exactions de l’accusé, mais comporte certaines erreurs qui m’ont poussé à vérifier certaines informations citées, afin de m’assurer qu’il s’agissait de la bonne personne.

Si la probabilité qu’un autre Jean Antoine Firmin Merle existe soit faible, elle n’est pas impossible. Il me faut donc vérifier qu’il s’agisse bien du fils aîné de Jean et Rose Fauvet.

Premier indice : il se fait appeler Jean Baptiste. Firmin a deux frères prénommés ainsi. Le premier, né en 1841, dont je n’ai pu retrouver le décès, et Jean Baptiste Jules, né en 1856 et décédé en 1873. Prend-il un prénom d’emprunt pour brouiller les pistes ? Probablement.

Deuxième indice : il est écrit dans l’article que l’accusé est âgé de 50 ans. Firmin est né en 1839. Il a donc 52 ans. Mais nous savons qu’à cette époque, l’âge pouvait être approximatif. D’ailleurs, ce n’est pas la seule approximation de l’article.

Troisième indice : la victime est un certain Rivoiron ou Rivoirou, encore une approximation du journaliste ou une faute de typo.

À l’audience, le président du tribunal révèle au sieur Rivoiron qu’il est cousin avec le dit Merle, car ils sont “enfants des deux sœurs“. Je reprends les recherches. Rose a une sœur, Antoinette, née 11 octobre 1812. Elle épouse en 1836, Jean Antoine Riviron.

Les approximations du nom de famille dans l’article me laissent penser qu’il s’agit bien de la même personne. Malheureusement, les prénoms ne sont pas mentionnés, ce qui aurait permis une meilleure identification.

Les trois enfants Riviron

Un article du Mémorial de la Haute-Loire, paru le 24 octobre 1865, m’apporte des informations précieuses sur la famille Riviron/Fauvet.

Il s’agit d’une publication légale, citant Jacques Limousin, subrogé-tuteur de Jean-Baptiste, Sophie et Jean-Marie Riviron, enfants mineurs issus du mariage de défunte Antoinette Fauvet avec Jean-Antoine Riviron.

J’ai retrouvé les trois enfants, et je me suis particulièrement intéressée aux deux fils. Savaient-ils écrire ?

Jean-Baptiste déclare le décès de son père, survenu en 1874. Il signe. C’est une écriture hésitante en lettres bâtons, mais cela l’élimine de mon enquête. Qu’en est-il de son frère ?

Signature de Jean-Baptiste Reviron, 1874.

Jean épouse Eugénie Donis en 1873. Il ne signe pas son acte de mariage.

Jean Antoine Firmin Merle a donc basé son escroquerie en exploitant la faiblesse de son cousin, Jean Reviron.

Pour sa défense, Firmin Merle se dit poussé par la nécessité créée par la misère. Le jury ne se laissera pas complètement attendrir. S’il retient les circonstances atténuantes, il condamne l’accusé à trois ans de prison.

Sources :

Crédit image : Image par Ichigo121212 de Pixabay

Archives municipales de Montbrison, Journal de Montbrison (06/09/1891) [https://www.archives.ville-montbrison.fr/viewer/6967/#page=3&viewer=picture&o=&n=0&q=], vue 3/6, consulté le 20 février 2020.

Retronews, Mémorial de la Haute-Loire (25/10/1865) [https://www.retronews.fr/journal/memorial-de-la-loire-et-de-la-haute-loire/24-octobre-1865/231/2606755/4], vue 4/4, consulté le 27 février 2020.

Archives départementales de la Haute-Loire, Décès Monistrol-sur-Loire 1868 1882 D 6 E 154/21 [http://www.archives43.fr/ark:/47539/s0051b032d277961/51b03687e3caf], vue 175/350

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  1. très intéressant, dommage qu’on en sache pas un peu plus sur la technique de l’escroquerie. on a envie d’en savoir plus

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