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De Lucie à Léonie, parcours de femmes

14 novembre 2019

Pendant un mois, je partage avec vous mon journal : une année de généalogie. Entre contrats professionnels et recherche privée, découvrez les facettes de la généalogie. Aujourd’hui, je vous parle de deux parcours de femmes, Lucie et Léonie.

Lorsque la généalogie n’est plus seulement votre passion, mais aussi votre métier, vous explorez des univers que vous n’auriez jamais pensé côtoyer avec vos ancêtres.

Il y a deux ans, je suis contactée par N. pour l’aider à retrouver des informations sur son arrière-grand-mère, Lucie. Il pouvait me communiquer ses prénoms et nom, ainsi que ceux de sa mère. N. savait qu’elle était française, et qu’elle avait dû immigrer en Angleterre vers 1870. Munie de ces informations, je devais la retrouver en France et découvrir tout ce que je pouvais sur elle.

Une hypothèse comme point de départ

Bien que le nom de famille soit assez courant, le troisième prénom de Lucie était masculin et assez rare. J’émis l’hypothèse qu’il s’agissait du prénom de son père, jusqu’alors inconnu. Ce fut le point de départ, d’une recherche passionnante, qui n’est toujours pas terminée.

Grâce à l’indexation de l’état-civil sur Filae et me concentrant sur ce fameux prénom masculin, j’ai pu retrouver rapidement l’acte de naissance de Lucie. Née enfant naturelle en juillet, elle est reconnue en novembre par ses parents, ceux-ci venant de se marier. J’ai ainsi pu confirmer mon hypothèse, Lucie portait bien le prénom de son père.

Fort de ces informations, mon client voulu en savoir plus sur ses arrière-arrière-grands-parents.

Une plongée dans l’Histoire

L’enquête sur le père de Lucie fut une succession de rebondissements. En suivant les traces laissées dans les archives, et en croisant plusieurs fois les sources, compte-tenu des découvertes que je fis, il me fallut expliquer à mon client que son arrière-arrière-grand-père était un militaire de carrière qui, bien que mal noté à ses débuts dans l’armée (passe plus de temps à l’infirmerie (suite à ses nombreuses conquêtes..) qu’à mener ses troupes), fini sa carrière en tant que Colonel, Chevalier de la Légion d’honneur, décoré de plusieurs médailles militaires et hautement estimé de ses troupes. Si je vérifiais mes données avant d’envoyer le rapport de recherches, ce n’était pas à cause du dossier militaire, mais parce que cet arrière-arrière-grand-père fut parmi ceux ayant réprimé la Commune dans le sang.

Cette découverte ne choqua pas N., au contraire. Alors qu’il ne savait pas pourquoi son arrière-grand-mère avait quitté la France, ce qui, selon l’histoire familiale, ressemblait plus à une fuite, semblait s’expliquer par la concordance des dates entre sa fuite vers l’Angleterre et les actions de son père. Y avait-il divergence d’opinion dans la famille ? Lucie, artiste dans l’âme, s’opposait-elle à un père décrit par ses officiers comme un soldat aux valeurs de l’arrière-garde ?

Après avoir étudié le parcours du père de Lucie ainsi que ses origines, j’étais surprise par la teneur de son contrat de mariage. Je partageais mes interrogations avec mon client qui fut aussi intrigué que moi. Nous décidâmes alors de nous plonger dans la vie de Léonie, la mère de Lucie.

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Une vie faite de mystère

Le père de Lucie était d’extraction simple. Originaire du Gard, il était le premier de sa famille à s’élever dans la société. Avant lui, seul son père était entré dans l’armée, mais il était resté simple soldat. Son grand-père, ses oncles et leurs pères avant lui étaient fabricants de bas dans un village au bord du Coudoulous.

Pourtant, parmi les témoins présents à la rédaction du contrat de mariage, je remarque quelques nobles familles. Qui sont-elles ? Pourquoi sont-elles présentes ?

Très rapidement, je découvre qu’il s’agit des témoins de Léonie. Quel est donc son parcours qui l’a amenée à avoir de tels témoins ?

La vie de Léonie est, à ce jour, remplie de plus de questions que de réponses. Enfant naturelle, elle ne sera reconnue par son père et sa mère que vingt ans après sa naissance, quelques mois seulement avant son mariage. Pourquoi une reconnaissance si tardive ?

Je retrouve l’acte de mariage de ses parents. En Algérie. Léonie n’est pas mentionnée (Cela se passe avant la mise en place de lignes régulières. Les particuliers voyageaient sur les navires militaires. Il ne m’a pas été possible de retrouver une liste permettant de vérifier que Léonie était avec ses parents.). Le couple a deux autres enfants, qui mourront en bas âge. Où est Léonie ?

Je la retrouve à Belfort, dans un pensionnat pour jeunes filles. Les archives n’ont pas été conservées, je ne sais pas depuis quand elle y est, ni qui paye pour sa scolarité. Toutefois, j’ai quelques soupçons. Léonie, âgée de 17 ans, signe un contrat d’achat d’une maison dans l’Aude. Le contrat est très succinct. Comment une jeune fille de 17 ans peut signer en son nom un contrat d’achat ? Comment a-t-elle obtenu la somme pour acheter la maison ? Pourquoi le propriétaire de la maison, que l’on retrouve parmi les témoins du contrat de mariage, indique au notaire qu’il a bien reçu la somme (et que le notaire doit se contenter de son affirmation…) ? Le père de Léonie, est-il celui qu’il l’a reconnue ou celui qui lui a cédé la maison ?

Mon client et moi-même pensons avoir la réponse…

Une enquête toujours en cours

Deux ans plus tard, je continue de mener l’enquête. Mon client, qui était simplement curieux, s’est vraiment pris au jeu de la recherche généalogique. La prochaine étape ?

C’est un secret 😉

Au fait, pourquoi une image de la carte d’Australie pour illustrer ce billet ? Parce que Lucie, qui a immigré à Londres, a eu des fils, dont l’un deux est parti est Australie. Il s’agit du grand-père de mon client.

Crédit image : Photo by Joey Csunyo on Unsplash

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  1. Ces recherches sont effectivement passionnantes ! Avec cette histoire, je comprends que ton client se soit pris au jeu de la généalogie et de l’histoire familiale ! Aura-t-on un jour la suite et fin de cette histoire ?

    1. Merci Sébastien !
      Je crains que non. Après deux ans de recherches et quelques kilomètres parcourus, il faut savoir y mettre un terme. Les archives qui pourraient nous apporter des réponses n’existent plus. Sauf rebondissement, nous resterons juste avec nos soupçons.
      Sophie

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