La dentellière, aux gestes si vifs et pourtant, si délicats. Qui n’a pas admiré ces gestes à l’occasion d’expositions, de reconstitutions ? Nos aïeules rêvaient-elles d’exercer ce métier ?
Adèle ne m’a pas seulement amenée à découvrir mes ancêtres luthiers, elle m’a également fait découvrir la dentellière de Mirecourt.
Parmi mes ancêtres directes, ma généalogie ne compte que quatre dentellières :
- Catherine BASTIEN
- Catherine BAILLY, 1779 – 1854, épouse de Nicolas CLAUDOT, grand-mère d’Adèle
- Marguerite COLLIN, 1791 – 1864, épouse de François Louis BERTRAND
- Anne VIGNERON, 1792 – 1870, épouse de Joseph PIERRE
Pourtant, comme pour mes ancêtres luthiers, cette découverte me mit tout de suite des étoiles dans les yeux. Des ancêtres féminines qui, non seulement, n’étaient ni ménagères, ni cultivatrices, ni sans profession, mais aussi exerçaient ce beau métier. Comme pour les luthiers, la réalité que j’ai découverte était tout autre.
La dentelle à Mirecourt
L’industrie de la dentelle à Mirecourt remonte au XVIIe, voire XVIe siècle, selon les auteurs. Sous le règne d’Henri IV (1553 – 1610), une école dentellière fut créé par un sieur Phulpin. Toujours au XVIIe siècle, la ville signait avec l’hôpital pour apprendre des métiers aux garçons, et la dentelle aux filles. Il faut savoir que l’hôpital de Mirecourt était aussi un hospice, où les enfants étaient nourris au-delà de leur apprentissage, et les vieillards recueillis. Les vieilles femmes étaient occupées à faire de la dentelle qui était ensuite vendue, au profit de l’hôpital.
Un siècle plus tard, en 1743 plus précisément, il est mentionné sur un plan de la ville que l’une des tours de l’enceinte de la ville abritait une école dite “Ouvroir Philipin”, où les jeunes filles apprenaient à faire de la dentelle. Étaient concernées les jeunes filles pauvres ou celles dont les familles avaient besoin d’un salaire supplémentaire. La dentelle n’était pas un métier noble, comme nous pourrions le penser.

L’industrie de la dentelle connut son essor au XIXe siècle. En 1851, la fabrique Mirecourt-Vittel employait 25 000 ouvrières. Toutefois, les conditions de travail de ces femmes étaient loin d’être idylliques. Ainsi en 1852, les dentellières de Mirecourt déposèrent une plainte dans laquelle elles déclaraient que leur journée de 20 heures de travail ne leur rapportait que de 35 à 40 centimes…
Étudier les conditions sociales de ses ancêtres
Il est important d’aller au-delà des actes de l’état-civil, et d’étudier les conditions sociales de vos ancêtres. Vos idées préconçues tomberont, et vous aurez alors un aperçu objectif de leurs conditions de vie.
Sources
François Clasquin, Histoire de Mirecourt (Paris : Res Universis, 1990), 14-17
Charles Guyot, L’hôpital de Mirecourt (Nancy : G. Crépin-Leblond, 1893), 8
Eugène van Overloop, La dentelle : guide du visiteur (Bruxelles : Dreesen et de Smet, 1920), 118
Caroline Milhaud, L’ouvrière en France : sa condition présente, les réformes nécessaires (Paris : F. Alcan, 1907), 25
Bonjour,
Toute ma famille du côté de mon grand-père maternel est originaire de Bruges en Belgique. Je trouve évidemment un très grand nombre de dentellières (“kantwerkters”). Si vous voulez en savoir plus :
http://kantcentrum.eu/fr/