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Gages (le salaire de Louis)

8 juin 2016

Pendant le challengeAZ, je découvre la vie de mon arrière-grand-père Louis Simard. Etait-il riche ? Etait-il pauvre ? Quels étaient ses gages ?

 

Les différents documents consultés pour reconstituer la vie de Louis Simard m’ont appris qu’il a exercé deux métiers, cocher et ouvrier électricien. Nous avons vu quelles étaient les conditions pour être cocher à Paris au début du 20e siècle (de Cocher à Chauffeur). Nous verrons à l’occasion du O, ses conditions de travail en tant qu’ouvrier électricien. Avant d’en découvrir plus, je vous propose de nous intéresser à ses gages.

 

En tant que cocher, je n’ai pas de précisions quant aux gages que percevait Louis à titre personnel. La première mention de Louis comme cocher date de 1898, la dernière de 1904. En 1890, un cocher gagnait 5,75 francs par jour pour 16 heures travaillées. Sur une base de 312 jours travaillés par an, Louis gagnait 1 794 francs. Une somme probablement suffisante pour un célibataire, mais Louis devait aussi subvenir aux besoins de sa mère, Anne Sonnerat, veuve depuis 1885, avec qui il vivait, rue Godefroy Cavaignac.

 

En 1904 Louis se marie, et devient père. Sa femme, Marie Anne, est journalière. Pour quelles raisons Louis a-t-il changé de métier ? Il est raisonnable de penser que ce changement d’orientation professionnelle est dû à une recherche de meilleure condition de travail et de vie. Difficile de vivre décemment à trois sur un salaire de cocher, alors qu’en 1906, les dépenses moyennes pour une famille parisienne étaient de 2 353 francs par an.

 

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Nous avons vu que le jugement du divorce le condamnait à payer une pension alimentaire mensuelle de 30 francs (Divorce unique), soit 15 à 20 % de son salaire d’ouvrier. 30 francs, est-ce beaucoup pour un ouvrier parisien au début du 20e siècle ?

 

Toutes les sources que j’ai consultées indiquent le même niveau de salaire pour un ouvrier en 1910 : environ 1 200 francs par an.

 

Le rapport de police établit en 1910 suite à l’abandon de Marcel, son fils, nous apprend que Louis gagnait entre 7 et 8 francs par jour, soit environ 2 100 francs par an (je donnerai les détails du calcul à l’occasion de la lettre O). Comparativement, sa femme, qui était domestique dans un hôtel meublé au 72 rue des Amandiers gagnait 40 francs par mois (soit 480 francs par an), alors qu’une bonne à tout faire était payée 50 francs par mois.

 

 

 

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Intérieur d’un Ouvrier / Atget, Eugène (1857-1927) / Date d’édition : 1910-1911 / Gallica

 

 

De là à dire que Louis gagnait bien sa vie, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas. En effet, le salaire ouvrier de 1910 de 1 200 francs est une moyenne, qu’il faut relativiser entre les différentes régions, sans parler des différentes industries, où les disparités pouvaient être importantes. En outre, si je mets en parallèle le salaire de Louis, 2 100 francs, avec les dépenses annuelles d’un ménage parisien, 2 353 francs, il est évident que les fins de mois devaient être difficiles.

 

Peut-être est-ce pour cela que Louis quitta, courant 1910, un logement en devant un terme de loyer. Mais ça, c’est une autre histoire…

 

 

Sources

Prix et salaires en région parisienne aux 19e et 20e siècle / Noisy-Le-Grand et son histoire

Salaires années trente / Le Guichet du Savoir

Thomas Piketty / Le salaire ouvrier moyen sur longue période

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  1. Un peu en retard, je rattrape mes lectures concernant le Challenge AZ et je suis fascinée par la minutie de vos recherches, tout autant que passionnée par la mise en contexte que vous apportez à votre récit.
    En tant que généalogiste débutante, c’est très inspirant !

    1. Merci beaucoup pour votre commentaire. Ce challenge, s’il a été l’occasion pour moi de découvrir un peu plus mon arrière-grand-père, se voulait aussi une “démonstration” de ce que l’histoire familiale pouvait être. Je vous encourage vivement à pousser les portes des services d’Archives, à fouiller dans le moindre détail. Les découvertes valent le temps passé !

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