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La généalogie en 3 clics, oui mais.

21 décembre 2017

Alors que la notion d’arbre universel fait de plus en plus parler d’elle dans le milieu de la généalogie, une autre évolution pointe le bout de son nez : le portail généalogique tout en un. Notre généalogie sera-t-elle bientôt accessible en trois clics ?

 

Le monde généalogique frémit de nouveaux projets. Alors que FamilySearch et la start-up française Singletree travaillent sur l’arbre universel, deux autres sociétés, dont une Française, offrent un nouveau service : un moteur de recherche généalogique ultra-puissant.

 

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ArchiveGrid

ArchiveGrid fonctionne comme un inventaire des inventaires. Vous indiquez une localisation, le site vous indique les bibliothèques, archives ou tout autre institution si situant dans cette zone géographique. Si les inventaires sont en ligne sont en ligne, le site répertorie les documents consultables sur place. Très utile pour préparer une visite en salle. Pour aller plus loin, je vous recommande la lecture de cet article sur Family History Daily (en anglais).

 

GeneaFinder

GeneaFinder veut aller plus loin que ArchiveGrid. Cette start-up française travaille sur un logiciel capable non seulement de répondre à votre recherche généalogique, en fouillant Internet, mais aussi de lire les textes anciens. Ainsi, si je fais une recherche sur François Bertrand, mon ancêtre, GeneaFinder pourra me donner comme résultats ce qu’il aura trouvé dans les Archives départementales de Vosges, sur Geneanet, ou encore, pourquoi pas dans Gallica avec, cerise sur le gâteau, une transcription des archives.

 

Et la généalogie dans tout ça ?

Le monde généalogique bouge, s’adapte aux nouvelles technologies. Je suis inscrite en tant que bêta-testeur de Singletree, et j’ai hâte d’essayer GeneaFinder. Mais lorsque je lis ce qui suit, je grince un peu des dents :

Ceux qui débutent en généalogie ne comprendraient pas que l’on puisse passer des heures arc-bouté sur des documents numérisés, avec des picotements dans les yeux et des douleurs dans le dos. Avec Geneafinder, ils échapperont peut-être à cela.” (1)

 

Démarrer sa généalogie en trois clics, c’est bien. Cela permet de mettre un pied dans ce monde de découvertes, de plaisirs mais aussi de frustrations. Cela permet d’avancer, mais…

  • Sans formation, comment faire face à cette masse d’informations qui s’affiche sur notre écran ? Tous les ans, je forme des généalogistes perdus dans toutes les sources qu’ils ont pu accumuler. Comment les classer ? Comment les traiter ? Les questions reviennent régulièrement. Trop d’informations, sans accompagnement, ne vont-elles pas tuer l’information ?
  • Lire les documents anciens est une prouesse technologique formidable. Mais si nous nous contentons du pré-mâché, que se passera-t-il quand le généalogiste débutant se trouvera face à des documents non transcrits ? Il n’aura certes pas les picotements dans les yeux, mais il sera aussi bloqué pour avancer.
  • Toutes les archives chez moi, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, le rêve de tout généalogiste ! Vraiment ? Si je suis pour les Archives en ligne, je suis plus réservée sur ce modèle d’exploitation. Vous savez pourquoi je n’aime pas Google, Facebook et autres ? Parce qu’ils m’imposent des résultats qu’ils pensent bons pour moi (ça, c’est la version officielle …). Nous arrivons vers une forme de pensée unique. Si je me contente de ce qu’ArchiveGrid ou GeneaFinder me donnent comme réponses, je n’aurais qu’une généalogie “pré-formartée” en fonction de ce qui se trouve en ligne.

 

Et les Archives dans tout ça ?

À l’heure où nous nous inquiétons pour nos Archives essentielles, n’oublions pas qu’il est important de continuer à fréquenter les salles d’Archives. N’en déplaise à Stéphane Grammont, j’aime avoir mal au dos, j’aime avoir des crises d’éternuements à cause de la poussière sur les registres. Toute la technologie du data mining ne me procurera pas ce petit frisson lorsque je touche un document que mes ancêtres ont aussi touché.

Internet ne remplacera pas l’archiviste qui me conseille sur tel ou tel fonds pour trouver la perle qui me permettra d’en apprendre plus sur mes ancêtres, ou d’agrémenter une simple généalogie de petites histoires croustillantes qui font toujours plaisir à mes clients.

 

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Photo par Sophie Boudarel (2017)

 

Ancien monde contre nouveau monde ?

Non ! Ces évolutions technologiques sont une opportunité formidable pour tous. Elles vont permettre une plus grande ouverture de la généalogie au public, et toucheront aussi un public plus jeune. Mais attention à ne pas se contenter des informations qui seront fournies.

Cela va-t-il sonner la fin des généalogistes professionnels et des associations ? Non ! Je vois déjà beaucoup d’opportunités liées à ces développements, et j’ai hâte de faire évoluer mon métier.

 

(1) Stéphane Grammont, Avec Geneafinder, retrouvez vos ancêtres comme avec Google, France3 Bretagne (11 octobre 2017) [en ligne] https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/soyons-smart/2017/10/11/avec-doptim-retrouvez-vos-ancetres-comme-avec-google.html

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  1. A propos de Geneafinder : même si la technologie évolue rapidement, et sans présager des travaux en cours chez Geneafinder (je ne les connais pas), il m’avait semblé que nous étions encore loin de solutions “industrielles” de reconnaissance de texte sur des manuscrits. Il y a un bon article (mais en anglais) d’un diplômé de l’Ecole des Chartes (qui s’intéresse visiblement beaucoup à la programmation) sur ce sujet : http://graal.hypotheses.org/786

    Le fait qu’un jour on puisse ne transcrire qu’un seul acte notarié d’une liasse de 400 actes, et laisser la machine transcrire les 399 autres (ce qui permettrait de se concentrer sur le contenu plutôt que sur les tâches rébarbatives de transcription) relève pour moi à la fois du rêve et de la science-fiction !

    1. Bonjour Laurent,

      Merci pour le lien.
      Je suis d’accord. Entre rêve et science-fiction où nous trouvons-nous ? Où se situent ces sociétés ? Un exemple : j’épluche actuellement les BMS de la commune de Mailly-Maillet dans la Somme. Il y a un prêtre, par souci d’économies, qui écrivaient non seulement en pattes de mouche, et qui enchaînaient les actes, sans laisser d’espace. Je doute qu’un programme puisse différencier un acte d’un autre.
      Ne présageons pas du futur, nous aurons peut-être de belles surprises !

      Sophie Boudarel

  2. Professionnelle depuis peu, j’adhère complètement à votre vision.
    Rien ne peut remplacer la consultation des documents en salle, ni l’émotion qui surgit parfois à leur lecture
    Merci de partager votre expérience.

  3. Oui, les progrès technologiques sont intéressants pour le généalogiste, mais je vous suis tout à fait en disant que non, la technologie et ses facilités ne remplaceront pas les recherches manuelles du généalogistes ! Certains se contentent déjà du simple outil geneanet alors que pour moi, ce n’est pas suffisant pour faire de la généalogie, c’est certes un outil mais pas une finalité et bien c’est pareil pour toute technologie, ça doit rester un outil, mais le généalogiste ne doit pas s’en contenter, il doit creuser par lui même. Non, ce n’est pas la fin des généalogistes professionnels, des associations et des archives car effectivement, le novice va se noyer dans le trop plein d’info. Il aura besoin d’aide pour classer et intégrer, trier drastiquement tous les renseignements reçus et surtout, les interpréter, car l’interprétation, ce n’est pas la technologie qui va le faire à notre place !

  4. bonsoir Sophie,

    C’est la première fois que je lis “La gazette des ancêtres “et je découvre ainsi les projets en cours et vos remarques pertinentes sur ces projets.

    merci
    pascale

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