Lorsque nous nous attachons à retracer la vie de nos ancêtres, nous pensons qu’il est plus facile de faire la généalogie d’un homme. Peu de sources et d’archives concernent les femmes. Du moins, c’est que nous pensons. Alors, où sont les femmes dans les archives ?
Les femmes dans notre généalogie n’ont pas de fiche matricule, ne déclaraient pas la naissance de leurs enfants, devaient être autorisées par leur époux pour toute action administrative… Si les archives modernes (1800-1940) nous permettent de retrouver assez facilement trace de nos ancêtres féminines, il nous est plus difficile de retracer l’histoire des femmes sous l’Ancien Régime.
Des sources existent, pour qui sait les chercher et surtout où les chercher.
L’historienne Nicole Dufournaud a dépouillé les archives de l’Ancien Régime pour retrouver les femmes dans l’Histoire. Son étude s’est portée sur les Archives municipales de Nantes, ainsi que les Archives départementales de Loire-Atlantique.
Dans les Archives municipales, les femmes nantaises sont présentes dans les séries EE, Affaires militaires, FF, Police, et DD, Travaux publics. Comment des femmes peuvent-elles se retrouver dans de telles séries ?
La série EE comprend deux listes, celle des femmes en arme, et celle des recensements. En effet, les femmes étaient non seulement autorisées à prendre les armes pour défendre la ville, mais elles étaient recensées comme tout autre habitant en vue de l’établissement de listes de guet.
Douce comme une femme ? Pas toujours ! La série FF vous renseignera quant à une plainte déposée contre votre ancêtre.
La série DD, Travaux publics, conserve les demandes de construction ou d’agrandissement de bâtiment. Si votre ancêtre était marchande, vous pouvez la retrouver dans cette série.
Que nous apprennent ces premières séries ?
Nous devons sortir de notre confort de recherche, oublier un instant nos trois actes. Nous devons considéré non seulement l’occupation de nos ancêtres féminines, mais aussi nous plonger dans l’histoire locale. Enfin, les Archives municipales, trop souvent délaissées par le généalogiste, sont une source à exploiter au même titre que les Archives départementales.
Aux Archives départementales, vous privilégierez la série B pour consulter les registres de la Chancellerie, chambre des comptes, justice royale, mais aussi les déclarations de grossesse ; la série H, pour les dossiers des hospices et maladreries.
La série E est aussi une source de renseignement sur l’histoire des femmes. Titres, papiers de famille, état-civil, notaires, corporations… Autant de documents susceptibles de vous renseigner. Les sources notariales sont primordiales, mais la lecture en diagonale est hors de question, sous risque de manquer votre ancêtre ! En effet, les prénoms tels que Anne, Claude, Philippe ou Arthur, étaient masculin et féminin.
En série G, vous consulterez les visites pastorales. remontrances, vies des curés et de leur domestique (nommée)… Ces comptes-rendus sont une source précieuse pour l’histoire des communautés sous l’Ancien Régime.
Avec patience, persévérance et curiosité, il vous est possible de retracer l’histoire des femmes de votre généalogie.
Nicole Dufournaud, Les femmes dans les archives… par mnemosyne_asso
Bonjour,
En généalogie, il est souvent plus intéressant de travailler sur les femmes que sur les hommes.
Pour une raison simple : ce sont les femmes qui nous font rentrer à chaque fois dans des familles différentes. et donc des milieux différents.Et c’est souvent là que l’on y trouve les plus grosses surprises.
J’en ai encore fait l’expérience très récemment.
J’ai une arrière-arrière grand-tante qui s’était mariée deux fois. Son second mari s’était également marié deux fois. Et j’ai eu une grosse surprise en travaillant sur elle…
La dame en question porte un nom germanique : Winckel (elle s’appelait frederica Ludovica Winckel).
Dans son acte de mariage célébré près de bruges (en Belgique) en 1840, il est fait mention de son lieu de naissance (terheijden au pays-bas), de sa date (30 mars 1805). Il est fait également mention du décès de son père (Joannes Lodewijk en 1822 à Woensel (pays-bas) et de sa mère (1807 à Gertruidenberg) toujours aux pays-bas (c’est dans la région de Breda) . Mieux même : toutes les pièces ayant servi à la préparation administrative du mariage existent toujours et ont été microfilmés par les Mormons ! Donc pas d’erreur possible…(et j’ai retrouvé tous les actes en question).
Dans l’acte, elle semble modeste. Elle épouse un simple “hovenier” (un horticulteur en réalité…) qui ne doit pas rouler sur l’or. Elle est qualifiée de”diensmeid” (l’acte est en néerlandais). Une servante donc…Dans d’autres actes, elle est qualifiée de “werkster” (ouvrière) ou au mieux de “huishoudster” (ménagère).
De plus elle est illettrée…Rien d’extraordinaire a priori. Du “courant” et du très banal.
Sauf que…
Etant un peu intrigué par son patronyme (winckel) je “gratte” un peu. Les actes sont récents et faciles d’accès (ils sont d’ailleurs disponibles en ligne). Très rapidement, je prends conscience que la dame en question avait un oncle par alliance qui se trouvait être…un prince allemand ! En effet, sa tante avait épousé en 1782 à Stuttgart le prince Moritz Christian Von Izenburg…(et entrait dans la noblesse allemande par mariage).
En fait la demoiselle en question était issue d’une famille de militaires de rang supérieur et de prédicateurs protestants d’origine allemande. La famille fait d’ailleurs l’objet d’une notice dans wikipedia (dans la version néerlandaise) dans laquelle il est même fait mention de son père (“Johann Ludwig Winckel (1746-1822), kapitein in Statendienst, drossaard van Nieuwkuyk en stadhouder van het Zuid- en Westkwartier van Bergen-op-Zoom”.
La notice en question : https://nl.wikipedia.org/wiki/Winckel_%28geslacht%29
Donc, n’hésitez pas à travailler sur les femmes. C’est là que l’on fait les plus grosses découvertes !
Bonjour,
Je m’exprime mal au début (les textes sont rédigés à la volée) : La personne dont je parle (et j’ai vérifié deux fois tant la situation me paraissait “curieuse”) était la première femme du second mari de mon arrière-arrière Grand-Tante…
Voire pas censées être témoins dans les actes publics avant 1897 (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6105241m) – il y a eu des loupés, on est d’accord.
Dépouillant les répertoires annuels des notaires dans le cadre du projet Familles parisiennes (http://www.daieux-et-dailleurs.fr/blog-genealogique/boite-a-outils-genealogique/429-familles-parisiennes-projet-d-indexation-des-repertoires-de-notaires), je suis agréablement surprise (même si je m’y attendais un peu, mais pas autant) de la présence de femmes séparées de biens dans ces années 1830s, et de règlements d’affaires commerciales impliquant des femmes, même si bien sûr il y a souvent l’intervention du mari.
En tout cas, on est loin de l’inénarrable “ménagère” so 19ème siècle qui peuple recensements et actes d’état civil dès lors qu’une femme se marie…
Merci Maïwenn pour ton commentaire. Pour les archives modernes, il est vrai que nous les retrouvons un peu plus facilement. Bien que devant être autorisée par leur époux, j’en ai aussi souvent retrouvées chez le notaire pour régler telle ou telle affaire (généralement une histoire de succession).
C’est pour cela que j’ai essayé de m’attacher à la période de l’Ancien Régime. L’intervention de Nicole Dufournaud m’a beaucoup inspirée. Je regrette d’habiter si loin des régions d’origine de mes ancêtres féminines 😉