Dans le cadre du ChallengeAZ, je me suis lancée dans la quête de découvrir la vie de mon arrière-grand-père, Louis Simard. Une question qui me taraude depuis longtemps est de savoir s’il était instruit. Aujourd’hui, nous allons plonger dans son passé pour comprendre son niveau d’instruction, tout en démystifiant certains préjugés qui entourent nos ancêtres.
Jusqu’à présent, l’image que nous avons de Louis n’est pas des plus flatteuses. On le décrit fréquemment comme un homme ayant des relations tumultueuses avec les femmes, ayant trompé sa femme et abandonné son fils. En se basant uniquement sur ces faits, sa période de vie (la fin du 19e et le début du 20e siècle) et son statut social modeste, on pourrait facilement le considérer comme une personne peu instruite.
Cependant, il est important de ne pas céder à la tentation de juger trop rapidement. Souvent, nous rassemblons des fragments de la vie de nos ancêtres sans considérer le contexte ou d’autres éléments essentiels, ce qui peut altérer notre perception de la réalité.
L’instruction au 19e siècle
En explorant le contexte éducatif de son époque, nous découvrons que Louis est né à une période où l’éducation connaissait une véritable révolution. Les républicains des années 1880 cherchaient à séparer l’école de l’influence religieuse, et la loi du 28 mars 1882 a rendu l’éducation laïque, gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 13 ans.

Le parcours scolaire de Louis Simard
Louis a initialement fréquenté l’école maternelle du passage Saint-Bernard, située dans le 11e arrondissement. Puis, il fréquente l’école des garçons de la rue Keller, du 27 mai 1885 à l’été 1886. Son dossier scolaire révèle qu’il possédait un tempérament doux et une conduite satisfaisante. Même s’il pouvait effectuer des opérations arithmétiques de base et écrire correctement sous dictée, ses avancées étaient jugées lentes. De plus, son dossier indiquait qu’il possédait une intelligence limitée.
Le 4 octobre 1886, Louis commence son instruction à l’école des garçons située au 25 rue Godefroy Cavaignac, dans le 11e arrondissement.
Le niveau d’instruction de Louis
Si ses compétences en mathématiques restent correctes, les commentaires sur son registre matricule scolaire relèvent une “lecture correcte” et une “écriture médiocre”. Sa conduite et son comportement sont satisfaisants. Il est important de noter que lors de sa première année d’école primaire à l’âge de 7 ans, Louis a vécu la perte de son père. Confrontés à un événement aussi traumatisant, certains enfants se replient sur eux-mêmes, tandis que d’autres expriment leur révolte.
Il a passé toute sa scolarité primaire à l’école des garçons jusqu’au 31 juillet 1889.
À l’instar de la plupart des enfants de son époque, Louis a quitté l’école avec un niveau d’éducation adéquat pour réussir dans la vie. Sa fiche d’inscription confirme ce que ses dossiers scolaires nous ont appris. Son niveau d’éducation équivalait au niveau 3. Il savait lire, écrire et compter.
Un niveau d’instruction dans la moyenne nationale



Pour évaluer son niveau d’instruction, nous pouvons consulter le “Compte rendu sur le recrutement de l’armée” publié annuellement par le Ministère de la guerre. En l’absence de données spécifiques pour l’année 1898 (l’année du recrutement militaire de Louis), une évaluation précise est difficile à établir. Néanmoins, en analysant les comptes rendus de 1889 et 1905, il est clair que le niveau d’instruction de Louis était dans la moyenne nationale de son époque.
Une personnalité nerveuse ?
Une lettre écrite par Louis, que je possède, jette une lumière intéressante sur sa personnalité. Malgré quelques fautes d’orthographe, sa maîtrise de la langue est évidente. L’écriture est nerveuse, ce qui soulève des questions sur les circonstances de sa rédaction. En glissant cette lettre dans les vêtements de son fils avant de l’abandonner, a-t-il pris le temps de composer un récit détaillé ?






Cependant, des documents suggèrent que la version de Louis diffère de la réalité, révélant peut-être des tourments intérieurs. Il signe anonymement son courrier, bien que les informations qu’il fournit permettent aisément de le retrouver.
Sources
Compte rendu sur le recrutement de l’armée pendant l’année 1889 / Auteur : France. Ministère de la guerre (1791-1936) / Gallica
La fiche matricule : identité et instruction / Auteur : Le parcours du combattant de la guerre 1914-1918