Au début des années 1900, à Paris, une rencontre fortuite a eu lieu entre Louis Simard, journalier, et Marie Pierre, également journalière. Alors que Louis était né et avait grandi à Paris, Marie avait entrepris un voyage depuis Mirecourt, dans la région des Vosges, jusqu’à la capitale animée aux côtés de ses parents.
Marie qui vit jusqu’alors chez ses parents, 1bis rue Fabre d’Eglantine dans le 12ème arrondissement, rencontre Louis et emménage avec lui chez sa mère, 10 rue Godefroy Cavaignac, dans le 11ème arrondissement de Paris. Le 9 janvier 1904, Marie et Louis se marient. Elle a 20 ans, son époux a 26 ans. Huit mois plus tard, le 18 août, Marie met au monde un petit garçon prénommé Marcel Emile Auguste.
Le petit Marcel vient dans une ambiance familiale qui, très vite, se dégrade. Son père se révélant être un être instable et parfois même violent.
La cellule familiale se brise et Marie entame une procédure de divorce. Le Tribunal de la Seine rend son jugement le 30 octobre 1908, en l’absence de Louis. Il sera informé du divorce par Maître MARIN, avocat à Paris. L’enfant est confié à la garde de sa mère. Depuis sa séparation d’avec son mari, Marie habite chez ses parents. Elle exerce alors le métier de bronzeuse. Mais en 1910, tout change. Marie doit trouver un nouvel employeur. Elle obtient un poste de domestique dans un hôtel meublé et gagne 40 francs par mois. Marcel, qui a 6 ans, est confié à ses grands-parents maternels.
(…) les époux PIERRE, demeurant rue Fabre-d’Eglantine, 1, (…) se trouvant momentanément dans la gêne, avaient demandé au père de leur venir en aide, mais, ayant essuyé un refus, ils s’étaient vus dans l’obligation de lui rendre son enfant, le 5 septembre (…).
extrait d’une enquête menée par la 1ère Division pour le Préfet de police à Paris, datée du 07/11/1910
Lundi 5 septembre, 5 heures 30 du soir, hospice des enfants assistés, Paris.
Un enfant portant une chemise coton, une paire de vieux souliers, un pantalon lainage à raies bleues et blanches, une flanelle blanche, une casquette drap bleu marine, est présenté par un individu qui s’enfuit dès que l’enfant entre dans le vestibule.
Citation du dépôt de Marcel Simard à l’hospice des enfants abandonnés
L’enfant dit aller à l’école rue Picpus, être âgé de 6 ans et s’appeler Marcel. Il porte une lettre sur lui.
Le Directeur de l’hospice demande au préfet de police l’ouverture d’une enquête afin de vérifier l’identité de l’enfant.
Dès l’annonce de cette nouvelle, Marie demande à reprendre son fils. Sa requête est refusée car ses conditions de vie sont jugées trop pauvres. Elle gardera un contact permanent avec lui jusqu’en 1915, date à laquelle, minée par cette situation, elle décède à l’hôpital Saint-Antoine.
Anne BASTIEN, grand-mère maternelle de l’enfant, prend régulièrement de ses nouvelles. En 1925, elle demande à être mise en relation avec son petit-fils. Celui-ci, alors engagé sous les drapeaux, se trouve à Toucy, où il avait été placé.
Après une longue enquête, et quelques doutes de l’inspecteur compte-tenu de la situation précaire de sa grand-mère, le bureau de l’assistance publique fait part à Marcel du souhait de sa grand-mère. Il ne s’y oppose pas et la rencontre.
Marcel Simard : de l’hospice des enfants abandonnés à l’armée
Engagé d’abord au 5ème régiment de cuirassier le 10 novembre 1924, Marcel gravit peu à peu la hiérarchie militaire. Brigadier en 1925, affecté en 1926 au 5ème régiment de hussards.
Le 7 mai 1927, Marcel se marie à Taingy dans l’Yonne avec Marie-Josèphe BARILLE. De cette union naîtront Jacques, Jacqueline, Jean et José.
En 1928, il devient sous-officier de carrière puis Maréchal des Logis chef en 1930. C’est en tant Adjudant affecté au 4ème régiment de hussards que Marcel part au combat le 2 septembre 1939.
5 juin 1940, La-Croix-Saint-Leufroy. Une avant-garde allemande pénètre dans le village. Face à elle, en position sur la rive gauche de l’Eure, le 4ème régiment de hussards. Les combats s’engagent. Ils durent jusqu’au 11 juin et voient la victoire des troupes allemandes.
Au matin du 11 juin, un lieutenant du régiment est touché à la tête. C’est en se portant à son secours que son adjudant décède. Les pertes furent importantes pour le régiment : 15 officiers, 26 sous-officiers, 271 brigadiers et cavaliers.
En haut d’une colline dominant le village se trouve un mémorial dédié au 4ème régiment de hussards. Des noms sont inscrits, dont :
Adjudant Marcel Emile Auguste SIMARD, Mort pour la France.
C’était mon grand-père.
Le monument du 4e hussard… tout un symbole dans le village. Quelle tragique histoire.
Une histoire tragique qui a marqué le village. C’est ce que j’ai ressenti en menant mes recherches, et en allant sur place.
Il s'agit de mon grand-père. La photo n'est pas datée, mais je pense qu'elle date des années 30
Bonsoir,<br /><br />De quelle époque date la dernière photo … votre grand père? Merci