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Plaidoyer pour mes ancêtres sans histoire

17 décembre 2015

Depuis quelques temps, les généalogistes parlent de leurs ancêtres Invisibles, ceux qui n’on pas laissé de traces dans l’histoire, ceux dont on se soucie peu. Que signifie ce terme ? Est-il approprié ?

En avril 2014, Elise, du blog Auprès de nos racines, publiait un article intitulé Comment parler des Invisibles.  Elle y explique avoir trouvé ce terme sur différents sites littéraires, et le trouve approprié pour une certaine catégorie d’ancêtres de nos généalogies.

Les Invisibles, à notre époque comme du temps de nos ancêtres, ce sont ces individus qui n’ont pas eu de destin particulier. Ils n’ont laissé leur nom que sur quelques actes d’état civil, ils sont restés dans l’ombre et n’ont jamais fait parler d’eux, et ont, somme toute, vécu une vie tout à fait ordinaire.

 

Depuis, ce terme est employé par la communauté généalogique afin de parler de ces ancêtres sans histoire(s).

Je dois vous avouer que ce terme me gêne, car je lui trouve une connotation négative, voire péjorative.

Le Larousse définit le mot invisible comme suit :

  • Qui n’est pas perceptible par la vue
  • Qui agit dans l’ombre
  • Qu’on ne peut pas voir, rencontrer

Si nous pouvons écarter la première définition, les deux autres s’appliquent à nos ancêtres quels qu’ils soient. Nous ne pouvons les voir, ni les rencontrer, à notre grand désespoir, et ils ont agit dans l’ombre de l’Histoire, dans l’ombre de notre histoire.

 

Tous nos ancêtres sont importants

Je suis d’accord avec Elise quand elle dit que ces ancêtres sont importants :

Sur ces Invisibles, nous ne savons rien, et pourtant, ils sont tout aussi importants que nos autres ancêtres, puisque sans eux nous ne serions pas là.

Je le suis moins quand elle dit qu’ils le sont tout autant que les autres ancêtres. Bien sûr, il y a des ancêtres qui auront laissé plus de traces que d’autres dans les archives, mais faut-il pour autant les catégoriser ? Dire qu’il y a les Invisibles (notez la majuscule), et les autres.

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Mon problème vient peut être du fait que je n’aime pas catégoriser, et encore moins mettre des personnes dans des cases.

Plutôt que d’étiqueter tel ou tel ancêtre, et par extension telle ou telle personne, d’Invisible, je préfère me demander pourquoi je ne les vois pas ?

 

Rendre visible l’invisible

Lorsque nous commençons notre généalogie, nous ne nous intéressons principalement qu’à trois actes, par manque de méthode, et de connaissance des archives. Avec le temps, certains font le choix de rester avec trois actes, d’autres choisissent de creuser plus profondément.

Dans certains cas, il est aisé de creuser. Contrats de mariage, testament, acte de vente, casier judiciaire… nos ancêtres nous ont laissé de quoi retracer leur vie. Dans d’autres cas, il faudra creuser plus profondément, comme l’a fait Nathalie pour ses Sosa 3562 et 3563, meuniers à Clessé. Ce n’est pas parce qu’elle ne savait pas grand chose au début de ses recherches, qu’ils étaient invisibles pour elle.

De mon côté, je continuerai à chercher la vie de mes ancêtres, ceux avec un passé, et ceux sans histoire, parce que pour moi, ils ne sont pas invisibles, ils attendent simplement que je leur redonne vie, le temps de mes recherches.

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    1. Bonjour,

      S’il s’agit d’un MPF de la Première Guerre mondiale, vous pouvez commencer par retrouver sa fiche matricule aux Archives départementales. Elle vous donnera des éléments d’état-civil à partir desquels vous pourrez commencer à retracer sa généalogie, ainsi que son parcours pendant la guerre.

      Cordialement

  1. Bonjour, je ne pense pas qu’il existe des ancêtres ou gens d’autrefois réellement “invisibles”au point qu’il faudrait reconstituer leur existence “en creux” comme dans l’expérience de l’historien Alain Corbin avec Louis- François Pinagot. C’est juste qu’on a eu un peu la flemme de chercher, ou qu’on n’a pas cherché au bon endroit. L’humble ancêtre a forcément laissé quelque chose dans les archives : une signature (même moche ou hésitante), une épouse morte en couches à son 9e enfant, un procès fait pas son propriétaire parce qu’il n’a pas payé sa ferme, un contrat de mariage, une fiche matricule, un inventaire après-décès, un procès devant le sénéchal du comté parce que ses voisins l’avaient sauvagement attaqué, mis à terre et traîné par les cheveux, une pétition à la municipalité parce que l’eau n’arrive plus jusqu’à son moulin faute de curage du cours d’eau, une déclaration de grossesse illégitime, une déclaration de succession (ou pas, mais dans ce cas-là on pourra dire qu’il était si pauvre qu’à son décès il ne laissa strictement rien à ses héritiers)…etc etc… Bref même les plus humbles ont aussi une histoire. Pour mes recherches en histoire locale/et coloniale j’ai étudié plus de 9500 personnes, de toutes origines géographiques (des fins fonds de la Vendée aux fins fonds de l’île de Gorée), temporelles (de l’an 989 à 1945) et sociales (des mendiants bien glauques aux gentilshommes servant le roi à Versailles). La reconstitution du parcours de vie d’un mendiant mort dans une grange au hasard de ses pérégrinations s’est parfois révélée tout aussi intéressante que celle de personnes nettement mieux nanties. C’est même ce qui fait le sel de la recherche, à vrai dire : découvrir par exemple qu’une personne qu’on soupçonnait d’avoir passé une vie peu palpitante de propriétaire terrien vivant du travail de ses fermiers dans un village d’Aunis avait en fait passé une partie de son existence en Louisiane. Ou que parmi les nombreux descendants illégitimes d’un autre, un fils est parti tenter sa chance au Canada vers 1730. Même les personnes qui ont vécu caché finissent toujours pas ressurgir un jour, comme par exemple un banquier que j’ai étudié, officiellement disparu sans laisser d’adresse en juin 1886 après une faillite frauduleuse suivie d’une condamnation aux assises par contumace aux travaux forcés. Il a vécu caché dans un appartement nantais pendant 27 ans, sans compte en banque, sans être recensé, sans être inscrit sur les listes électorales, sans laisser la moindre succession… bref le type même de l’individu indétectable. Mais un jour de 1913 il a fini par défuncter, et figure dans les listes de convois funéraires astucieusement indexées nom par nom et mises en ligne par les archives municipales de Nantes… enterré en 5e classe comme un clochard.

  2. Comment ne pas être d’accord ? Quand j’étais en CP dans les années 1960, j’avais une institutrice qui avait un mot terrible à propos des élèves qui ne faisaient pas parler d’eux ni en bien ni en mal, elle les appelait “les insignifiants”.
    En toute innocence, j’ai répété ce mot à mes parents qui m’ont passé un sacré savon !
    Mes ancêtres étaient à 90% des “gens de peu”, des “invisibles”, des “insignifiants”, j’ai appris depuis à les chérir et rien ne me fait plus plaisir que de les faire revivre à travers mon blog…

  3. Je suis totalement d’accord avec toi, nos ancêtres ne demandent qu’à être vus. Je suis émerveillée par le nombre de traces que l’on découvre lorsqu’on entreprend des recherches. Et cela même au sujet des plus humbles d’entre eux, c’est ce que j’essaye d’écrire dans mes articles.

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