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Méthode & Organisation

Votre généalogie a-t-elle besoin du rasoir d’Ockham ?

6 juin 2019

Vous êtes perdu dans votre généalogie ? Vous ne pouvez vous retenir d’élaborer des dizaines d’hypothèses ? Vous ne savez plus sur quelle base travailler ? Votre généalogie a peut-être besoin d’un petit coup de rasoir…

En généalogie, nous avons souvent tendance à nous laisser emporter par notre imagination.

Un décès rapproché dans un couple, et nous imaginons une mort naturelle suivie du suicide du conjoint, si ce n’est un double suicide par amour, lorsque le couple meurt le même jour. Ou bien, ils ont été assassinés dans leur sommeil par des brigands. Ou bien …

Vous l’aurez compris, nous avons tendance à vouloir imaginer une vie romanesque pour nos ancêtres, plutôt que de découvrir qu’ils sont morts de vieillesse ou de froid.

Notre imagination nous pousse donc à émettre de multiples hypothèses, que nous voulons toutes explorer en même temps (sinon, c’est moins drôle). Mais, cette frénésie de la recherche a aussi son revers. Nous finissons par nous perdre, par ne plus savoir ce que nous cherchons, et pourquoi nous le cherchons. C’est là qu’intervient le rasoir d’Ockham.

Guillaume d’Ockham in Palais de la Sagesse : [Recueil de portraits de philosophes et de savants, suivis de planches sur diverses Sciences.], Paris, J. Vallet, 1713, Gallica

Le rasoir d’Ockham

(…) on prêtait à Guillaume d’Ockham la formule selon laquelle les entités ne doivent pas être multipliées par-delà ce qui est nécessaire. L’idée était de s’astreindre au principe de parcimonie et d’exclure la multiplication des raisons et des démonstrations à l’intérieur d’une construction logique, comme si, justement, l’on passait une lame de rasoir sur tout ce qui était superflu.

Henri Lœvenbruck, Le rasoir d’Ockham (Paris : J’ai Lu, 2009), 152-53

Comment ce principe peut-il être appliqué en généalogie ? De la même façon que le héros du roman d’Henri Lœvenbruck l’applique à ses enquêtes policières :

Appliquée à la résolution d’une énigme policière, la démarche consistait à chercher d’abord l’hypothèse la plus simple et à ne pas en utiliser de nouvelles tant que celle déjà énoncée suffisait.

Henri Lœvenbruck, Le rasoir d’Ockham (Paris : J’ai Lu, 2009), 153

Lorsque vous êtes confronté à un mystère, qu’il s’agisse de morts mystérieuses ou d’ancêtres élusifs, votre méthodologie, selon le rasoir d’Ockham, sera la suivante :

  • Mettez par écrit toutes les hypothèses qui vous viennent à l’esprit
  • Classez les, de la plus simple (et/ou logique) à la plus compliquée (et/ou originale)
  • Sélectionnez la première hypothèse
  • Établissez un plan de recherches
  • Notez vos recherches, vos découvertes ou le manque de réponses, dans votre journal de recherches
  • Ne débutez pas de nouvelles recherches tant que vous n’avez pas épuisé cette première hypothèse.

Célébrez si vous avez trouvé, sinon..

..Recommencez avec l’hypothèse suivante.

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  1. A l’instant, je viens d’avoir la confirmation que la solution la plus improbable est parfois la bonne et qu’il faut faire la place à la chance: je cherchais où avait bien pu finir sa vie un mineur du Pas-de-Calaisde la fin du 19è, fils et petit-fils de paysans du coin, avec des enfant tous mariés près de Bruay. Je relis sa fiche matricule qui mentionnait pour dernière adresse -(mais barrée) 1905 Chicago! J’avais pensé à une erreur de fiche, à une distraction de la part du bureaucrate. J’avais laissé tomber et puis je me ré-intéresse à son dossier et voilà que Familysearch me le donne comme passager d’un bateau d’immigrants partis de Boulogne/mer! Pour mes autres disparus sans laisser d’adresse, il va falloir , je crois , appliquer la technique du rasoir et/ou attendre un bon coup de pouce de sérendipité – dont le siège est, comme chacun sait, la T O I L E!

  2. Le problème du rasoir d’Ockham est de s’en servir comme d’une vérité alors qu’il s’agit de probabilité. Il est effectivement vrai que de deux propositions permettant la même conclusion la plus simple est la plus probable mais cela ne veut pas pour autant dire que la moins probable est fausse. C’est malheureusement une erreur classique faite par de nombreux admirateurs du rasoir d’Ockham.

    1. Bonjour Guillaume,

      Je suis d’accord avec vous. C’est pour cela que j’indique dans l’article qu’il faut noter toutes ses hypothèses, puis de la classer de la plus simple ou évidente à la plus complexe ou moins probable. Il faut ensuite procéder par ordre et avancer sans partir dans tous les sens.

  3. Merci beaucoup Sophie pour ton article qui me remet un peu en question car j’ai quelques fois tendances à vouloir travailler sur trop d’hypothèses à la fois.
    Après, je pense qu’en fonction des cas, il est parfois nécessaire de travailler sur les 2 ou 3 hypothèses qui semblent être les plus plausibles car on peut biaiser finalement la réalité. Par exemple, certains indices peuvent potentiellement expliquer ou corroborer plusieurs hypothèses. Si l’on ne s’attache qu’à une seule d’entre-elles, on pourrait valider l’idée première alors que les autres sont toutes aussi plausibles. Il est quelques fois utiles de changer de point de vue pour confronter nos premières conclusions.
    En tout cas, je vais essayer d’appliquer ta méthode (et de l’amender un peu 😉 )

    1. Bonjour Sébastien,

      Personnellement, je me concentre toujours sur une hypothèse tout en gardant la plus proche en tête. Les recherches peuvent ainsi m’amener à confirmer la première hypothèse, tout en me mettant sur une nouvelle piste qui corresponde à ma deuxième hypothèse. L’important est surtout de ne pas s’éparpiller.

  4. De fait, l’explication la plus simple est souvent la vraie. Mais parfois, comme on dit, la réalité dépasse la fiction et , autre référence: Boileau ” le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. Donc, je crois que tout en ayant les pieds sur terre, il faut rester ouvert à toutes les possibilités. Exemple: Je ne trouvais nulle part le lieu de la mort d’un certain Philibert Laligant négociant en café et pourtant, on répétait à l’envi la DATE. de sa disparition (c’est le cas de la dire) le 2 février 1816 Bizarre, non? jusqu’au jour où un acte plus complet mentionne “disparu dans le naufrage de la Méduse”!

    1. Bonjour Jean-Louis,

      Nous pouvons avoir de belles surprises dans nos recherches. Mais avant de partir sur des pistes qui peuvent nous sembler extra-ordinaires, cette méthode invite d’abord à se concentrer sur l’évident. Et si l’évident ne donne rien, partons alors sur les hypothèses suivantes.

  5. Bonjour,

    Reprise légèrement retouchée de mes réponses sur twitter :

    Pas vraiment un “rasoir” puisqu’on élague aucune des hypothèses qu’on a imaginées mais qu’on les classes dans l’ordre de la plus à la moins probable mais très intéressant quand même. Ça a un coté bayésien que j’aime bien. Inférence probabiliste.
    Avec une logique bayésienne et pour reprendre le mode opératoire cité dans l’article, j’aurais tendance à faire un peu autrement que ce qui est dit:
    – Mettez par écrit toutes les hypothèses …
    – Classez les, de la + simple à la + compliquée
    – Sélectionnez la 1ere hypothèse
    – Établissez un plan de recherches
    – Notez vos recherches, vos découvertes ou le manque de réponses
    – Ré-évaluez l’ordre de l’ensemble de vos hypothèses à la lumière du poids (de l’intérêt, l’importance) du résultat de cette recherche (reclassez-les)
    – Sélectionnez et travaillez la 1ere hypothèse de votre nouveau classement

    Patrice

    https://twitter.com/plegoux/status/1136565382238691328?s=20
    https://twitter.com/plegoux/status/1136572156450656258?s=20
    https://twitter.com/plegoux/status/1136572921248395265?s=20

    1. Bonjour Patrice,

      Merci pour votre commentaire. Effectivement, il est important de réévaluer ses hypothèses d’après les premières découvertes. L’intérêt du rasoir d’Ockham est qu’il se concentre d’abord sur l’hypothèse la plus probable. On coupe le superflu, pour se concentrer sur l’essentiel.

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