Au cours de vos recherches généalogiques, vous avez certainement déjà rencontré des blocages. Ce que nous appelons épine généalogique ou brickwall en anglais représente parfois une impasse définitive (registres détruits, individu disparu sans trace, etc.). Cependant, dans de nombreux cas, il existe des moyens de résoudre ces énigmes ou, à défaut, d’ouvrir de nouvelles pistes prometteuses. Vous vous sentez bloqué ? La méthode EVA que je vous présente aujourd’hui pourrait bien révolutionner votre approche.
Évaluation
La première étape consiste à évaluer précisément l’état de vos connaissances actuelles.
La ligne de vie
La ligne de vie est un outil essentiel pour visualiser l’ensemble des informations dont vous disposez sur un individu. Vous pouvez la créer dans une application comme Notion, dans un simple tableur, ou même sur papier. L’important est d’utiliser un support avec lequel vous êtes à l’aise.
Prenez le temps de remplir ce tableau avec toutes les informations en votre possession. Je vous recommande vivement de ne pas vous contenter d’exporter les données de votre logiciel de généalogie, mais de reprendre manuellement chaque information. Ce processus de réécriture permet souvent de repérer des erreurs de saisie ou des incohérences qui seraient autrement passées inaperçues.

Vérification
Première étape: l’analyse critique de la ligne de vie
Examinez attentivement la chronologie que vous venez d’établir. Posez-vous les questions suivantes: Y a-t-il des incohérences d’âge par rapport à certains événements ? Existe-t-il des écarts inhabituels entre les naissances d’enfants successifs ? Manque-t-il des actes ou des événements clés ?
Deuxième étape: la relecture minutieuse des documents
Même si votre ligne de vie semble cohérente, reprenez tous les documents en votre possession pour une seconde lecture approfondie. La date du mariage que vous recherchez se trouve peut-être mentionnée incidemment dans un autre acte. N’oubliez pas les sources souvent négligées: dos des cartes postales (dates, adresses d’expédition et de réception), mentions marginales des actes notariés indiquant l’envoi de copies à différentes personnes.
J’ai personnellement fait une découverte importante en relisant un acte notarié : j’ai remarqué qu’une copie avait été envoyée à la mère d’un individu, ce qui m’a permis de réduire la période de recherche concernant la date de son décès.
Notez systématiquement toutes vos observations, soit dans un document séparé, soit directement sur votre ligne de vie. Cette étape est cruciale pour identifier les incohérences qui peuvent être à l’origine de vos blocages généalogiques.

Action
Une fois vos vérifications terminées, vous êtes prêt à passer à l’action de façon méthodique. Munissez-vous d’un journal de recherche ou d’un carnet de généalogie pour établir votre plan d’action.
Si vous avez identifié des erreurs de dates ou des périodes manquantes dans la vie de votre ancêtre, commencez par une vérification approfondie des documents déjà en votre possession, puis élargissez votre recherche.
Pour compléter votre documentation, explorez systématiquement les ressources en ligne. Les bases de données généalogiques comme Filae, Geneanet ou FamilySearch s’enrichissent constamment. De même, les archives départementales mettent régulièrement en ligne de nouveaux fonds : minutes notariales, tables de succession et absences, registres militaires, etc.
Si malgré tous vos efforts, votre épine généalogique reste non résolue, documentez précisément toutes vos recherches, tant les pistes fructueuses que celles qui n’ont rien donné. Cette documentation méthodique vous sera précieuse lorsque de nouvelles sources seront disponibles ou que vos recherches sur d’autres individus vous apporteront des informations complémentaires.
Conclusion: Persévérance et méthode, les clés du succès
La méthode EVA n’est pas magique, mais elle offre un cadre structuré pour aborder méthodiquement vos blocages généalogiques. Évaluer l’état de vos connaissances, vérifier minutieusement vos sources, puis agir de façon organisée : ces trois étapes simples peuvent faire toute la différence dans vos recherches.
Rappelez-vous que la généalogie est un marathon, pas un sprint. Certaines de mes propres épines généalogiques ont mis des années avant d’être résolues, parfois grâce à une mise en ligne inattendue, parfois grâce à un cousin éloigné qui possédait la pièce manquante du puzzle.
La clé réside dans la documentation rigoureuse de vos recherches et dans la patience. Aujourd’hui, votre ancêtre reste peut-être insaisissable, mais demain pourrait apporter l’indice décisif. En attendant, appliquez la méthode EVA, explorez d’autres branches de votre arbre.
Et vous, quelle est votre épine généalogique la plus tenace ? Avez-vous déjà réussi à résoudre un ou des blocages qui semblaient insurmontables ? Partagez votre expérience en commentaire !
Méthode EVA. Blocages généalogiques.
Je cherchais la fiche signalétique militaire de mon grand-père, Gaston, dans le Nord, bureau d’Avesnes/Helpe. Né en 1897, donc en 1917. Compte tenu de la guerre 14-18, j’ai bien évidemment recherché avant et dans tous les bureaux de recrutement du Nord, sans succès. Certain qu’il avait été poilu car blessé je désespérais de trouver son parcours militaire.
C’est en relisant la fiche militaire de son père, Léon, que j’ai enfin trouvé la solution. Léon réserviste, avait été mobilisé début août 1914 au 4e régiment d’infanterie territoriale pour la défense de Maubeuge. Aîné d’une fratrie orpheline de père, il avait été libéré de ses obligations militaires fin août. Sur sa fiche dans l’encadré résidence était indiqué : 104 rue du Lycée chez Portebos. Havre. Renseignement qui m’avait échappé car je m’étais juste penché sur son parcours militaire. Un contact téléphonique avec la mairie du Havre m’apprends que M Portebosq était un tenancier de garnis (loueur de chambres). Ainsi Léon, libéré de ses obligations et sans nouvelles de sa femme, Léona, déplacée à Guingamp, avait emmené son fils Gaston au Havre, à l’invite de sa soeur Marcelle qui y vivait avec son mari, douanier. Léon sera durant cette période journalier au port. Leur mère Sophie viendra les rejoindre après un périple du Nord à Reims puis Epernay, accompagnée de leur sœur Blanche et sa fille, Micheline. J’ai donc recherché dans le recrutement du Havre espérant y trouver la fiche militaire de mon grand-père. Et en effet Gaston y a été mobilisé en 1916, après un ajournement en 1915 pour faiblesse.
J’ai pu également compléter mes renseignements familiaux d’une manière peu banale. Blanche LOUVET était mariée à Edouard HANNECART. Sur les 6 fils HANNECART, 3 sont morts durant la guerre et Édouard, gravement blessé en Argonne sera prisonnier et soigné en Allemagne. Un petit fils HANNECART, Stéphane DEMILLY retrace cette tragédie dans un livre : 6 frères dans la guerre (éditions PRIVAT). Je me permets d’écrire un mail à l’auteur. Il me met en contact avec un autre petit fils Hannecart qui m’invite à une petite cousinade. A cette occasion j’ai pu recueillir nombre d’informations sur Blanche (dont son portrait) et grand-mère Sophie (mon arrière-arrière grand-mère). Autre contact donné par M DEMILLY : la petite fille de Blanche, Jacqueline, avec qui j’ai eu quelques conversations téléphoniques et qui m’a gentiment envoyé des documents familiaux dont des manuscrits d’Édouard et une lettre de grand-mère Sophie accompagnés de quelques photos. Ainsi à la relecture d’un document, quelques coup de fil et mails, j’ai complété de manière significative l’histoire de mes aïeux.
bonjour
oui, j’ai un cas tenace…
Une ancêtre Marie Louise Victoire GERNEZ a eu plusieurs enfants entre 1878 et 1898. Il n’est indiqué nulle part le nom du père de ces enfants. (le fait que de nombreux registres manquent pour la Somme à cette époque n’aide pas)
Sur la fiche militaire d’un des fils (Louis), il est indiqué le père étant “Nicolas”, qui est également le nom du père de Marie Louise…. Le père de ces enfants serait-il également leur grand-père? Cet homme est décédé en octobre 1901. Le mariage de Louis en 1920 indique qu’il est “le fils de Nicolas Gernez”… La vérité aurait-elle éclatée après la mort de Nicolas?
Je suis à court d’idées. La seule piste que je n’ai pas explorée est la mention de testaments dans les TSA pour Marie Louise et Nicolas. Je ne sais pas comment retrouver ces testaments. Peut-être qu’ils contiennent des explications de la situation…
Olivier
Ma plus grosse épine ?
Un collatéral ayant été expédié au bagne et s’étant évadé, peu de temps après, sa femme et ses deux enfants qui disparaissent mystérieusement et dont on ne retrouve plus aucune traces nulle-part … Rien dans l’état-civil ou les recensements, pas de fiches matricules militaires.
Pas de fiches matricules militaires, ou plutôt si, une dédiée à son premier enfant décédé en bas-âge et malgré-tout ayant fait l’objet d’un suivi militaire, suivi vain évidemment puisque décédé.
L’administration de l’époque l’ayant cherché dans sa commune, puis dans le département et pour finir … à Chicago.
Malgré tout mes efforts, je n’ai pu retrouver leurs traces et suis réduit à me dire que peut-être, le bagnard a survécu à son évasion et sa famille a disparu pour le retrouver.