Je continue à explorer le mode de vie de mes ancêtres luthiers, grâce à l’étude des inventaires après décès (IAD) réalisée par Jean-Paul Rothiot. Comme tout artisan, le luthier avait des outils. Consitutaient-ils toute sa richesse ?
L’inventaire après décès d’un luthier ressemble à un inventaire à la Prévert. Nous y trouvons des bancs, établis, valets de ban, des étaux, des gouges, rabots, râpes, ratissoirs, des couteaux, canifs, hachettes, des limes, des scies, des marteaux, des moules et contre-moules, des fers à plier, des varlopes, etc.
Si les vêtements ou l’ameublement peuvent distinguer un luthier d’un autre par leur richesse, ce n’est pas le cas des outils utilisés par la corporation. En dehors de trois luthiers, dont Nicolas Chappuy, pour qui la valeur des outils s’élèvent à 244 livres lorraines (environ 234 Euros), la moyenne des biens des luthiers étudiés est de 69 livres lorraine (environ 66 Euros).
Qui dit luthier, pense bois ! Différentes essences sont présentes dans les IAD. Il y a de l’érable plane, du sapin, du tilleul, de l’ébène ou de l’acajou. Bien évidemment, les matériaux utiles à la fabrication du violon, tels que la colle, la gomme ou les vis (faites de bois, fer ou cuivre) sont aussi inventoriés.
Compte-tenu des différentes essences, nous pourrions penser qu’elles marqueraient des différences de richesses entre les luthiers. Il n’en est rien. Les mêmes différences concernant la valeur des outils s’observent.
Enfin, Jean-Paul Rothiot rappelle que la mort pouvait s’inviter à tout moment dans la vie des luthiers, ne leur laissant pas le temps de terminer leur œuvre.
Nicolas Jomier décède le 22 août 1781 à l’âge de 37 ans. Son acte de sépulture indique qu’il est marchand de violons. Peut-être travaillait-il avec son oncle maternel, Nicolas Harmand, qui est luthier. Quoiqu’il en soit, l’inventaire après décès indique entre autres, la présence de 900 tables et de 21 violons à demi-finis.
De mon côté, que vais-je trouver comme outils dans les inventaires après décès des luthiers des familles Bertrand et Claudot ?
Sources et bibliographie
Portail ATILF, Encyclopédie ou dictionnaire raisonnée des sciences des arts et des métiers, http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?p.140:142./var/artfla/encyclopedie/textdata/image/
Jean-Paul Rothiot, Les inventaires après décès du XVIIIe siècle et leur exploitation, dans Les Amis du Vieux Mirecourt-Regain & Musée de la Lutherie et de l’Archèterie françaises, Les sources de l’histoire de la lutherie, Mirecourt, p.143-162
Tu vas dire que je pinaille, mais je ne comprends pas comment 244 livres lorraines peuvent faire 57150 euros et 69 livres lorraines seulement 66 euros (excuse ce vieux réflexe lié à mon ancien métier ;))
Merci pour ta vigilance. Je me suis en effet, un peu emballée sur ce coup là ! C’est corrigé 😉
Merci pour cet article qui ravit la violoniste (et généalogiste) que je suis !