Grâce aux inventaires après décès, je continue de découvrir le cadre de vie des ancêtres luthiers. Quel était leur habitat ? Le luthier était-il propriétaire de son logement ?
Entre 1700 et 1787, l’activité luthière s’étendait dans toute la ville de Mirecourt, dont la moitié était concentrée dans le quartier de la rue Basse.
D’après l’étude menée dans les inventaires après décès (IAD) par Jean-Paul Rothiot, 34 luthiers sur 42 étudiés étaient propriétaires, par héritage ou acquisition. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils étaient tous logés à la même enseigne. L’étude des IAD, des actes notariaux ou des rôles d’imposition, montre une grande disparité entre les différents propriétaires, avec des habitations allant de deux pièces pour les plus pauvres, à des demeures plus cossues pour les plus riches.
Outre des maisons plus cossues, les luthiers les plus riches revendiquaient également plusieurs propriétés. Ainsi, Nicolas Chappuy possédait quatre maisons, deux à Mirecourt et deux à Juvincourt.
Quelques luthiers avaient la double casquette propriétaire / loueur. Ces derniers louaient une ou plusieurs chambres inoccupées de leur maison à d’autres artisans, ou a des femmes seules.
La maison n’était pas seulement un lieu de vie. L’atelier était inclus dans le logement, c’est la fameuse boutique, dans laquelle le luthier travaillait seul, ou avec un apprenti.
Après la Révolution, le quartier de la rue Basse conserva une forte densité de facteurs d’instruments. En 1886, presque toutes les maisons abritaient un luthier. Les maisons les plus modestes abritaient un couple luthier / dentellière, si présent dans ma généalogie.
Longtemps ce quartier eut une réputation de pauvreté et d’insalubrité.
Plus j’apprends sur les conditions de vie des luthiers, plus je réalise que cette branche était fantasmée par ma notion actuelle de ce métier d’art.
Sources et bibliographie
Jean-Paul Rothiot, Les inventaires après décès du XVIIIe siècle et leur exploitation, dans Les Amis du Vieux Mirecourt-Regain & Musée de la Lutherie et de l’Archèterie françaises, Les sources de l’histoire de la lutherie, Mirecourt, p. 143-162
Mireille-Bénédicte Bouvet, L’habitat des luthiers, sources, méthodologie et mise en valeur, dans dans Les Amis du Vieux Mirecourt-Regain & Musée de la Lutherie et de l’Archèterie françaises, Les sources de l’histoire de la lutherie, Mirecourt, p. 163-176