Pendant un mois, je partage avec mon journal : une année de généalogie. Entre contrats professionnels et recherche privée, découvrez les facettes de la généalogie. Aujourd’hui, je vous emmène à Angers.
Dans le cadre de mon activité, je participe à différentes rencontres professionnelles : forum des archivistes, rencontres du web 1418, … Lorsque j’ai vu l’appel à communication pour le colloque Les mondes de la généalogie, j’ai envoyé une proposition.
L’argumentaire était le suivant :
La pratique généalogique amateur par mobilisation d’archives s’est développée et popularisée en certains pays depuis les années 1960. L’objectif de ce colloque est d’interroger les processus de diffusion et de transformation de ce type de pratique à l’échelle transnationale : dans quelle mesure peut-on parler d’une pratique « mondialisée », et quels sont les modalités concrètes, les logiques et les enjeux de sa diffusion ? Il s’agira de questionner les diffusions et les transformations des représentations qui sous-tendent une telle pratique (rapports aux « origines », à la filiation, aux traces écrites et à l’histoire, par exemple), ainsi que des outils et techniques mobilisés par les généalogistes pour mener leurs recherches et pour représenter graphiquement les savoirs ainsi constitués.
Calenda
Pourquoi aller à Angers ?
Je le dis souvent, la généalogie n’est pas une activité à 100% solitaire. Nous rencontrons des personnes de différents horizons, avec des pratiques différentes. C’est l’occasion d’échanger sur un sujet qui nous passionne et de prendre la mesure de toutes ses facettes.
Toutefois, nous restons entre nous. Or, je considère qu’il est important de sortir de son cocon, de sa bulle, pour bien mesurer le milieu dans lequel nous évoluons. La généalogie ne serait rien sans les archives et les archivistes, nos histoires familiales seraient bien creuses sans le travail effectué par les historiens. Il est important pour moi d’aller à la rencontre de tous ces intervenants. Cela me permet non seulement de comprendre les contraintes des uns et des autres, mais aussi de voir mon activité sous un œil nouveau.
Angers et les mondes de la généalogie
Le colloque portait très bien son nom. Non seulement ai-je découvert une autre façon de penser la généalogie, mais aussi de la faire. J’ai eu le plaisir de rencontrer et d’échanger longuement avec Caroline-Isabelle Caron (professeure d’histoire, Université Queen’s, Kingston), auteure de Se créer des ancêtres. Un parcours généalogique nord-américain XIXe-XXe siècles (Québec, Septentrion, 2006) et Joffrey Liénart (doctorant en histoire, CIERL, Université Libre de Bruxelles).
Trois pays, trois façons d’aborder la généalogie. Caroline-Isabelle, tout comme Joffrey, m’ont confirmé que la généalogie ne peut se faire sans l’histoire. Dans notre travail, dans nos recherches, nous avons besoin de contexte. Sans quoi, sortie de son contexte, la généalogie devient un outil à visée identitaire. C’est aspect est confirmé par François Weil qui, dans sa conférence inaugurale, nous rappelle que :
Au cours de son histoire, la généalogie va répondre à une demande de marqueur social pour les uns et de transmission du lignage familiale pour les autres. Elle va aussi donner lieu à une distinction et une racialisation correspondant à des besoins identitaires et de nationalisme
François Weil, professeur associé à l’EHESS – De la démocratie généalogique en Amérique. Cité par Convergence.
La généalogie n’est pas ce monde tout doux dont nous rêvons. La réalité la rattrape, pas toujours pour le meilleur. À nous d’être vigilants.
La généalogie, un monde vieillissant ?
Je vous répondrai bien évidemment que non. Les généalogistes, majoritairement retraités, voient tout de même arriver dans leurs rangs de plus en plus de jeunes pratiquants. Les pratiques évoluent aussi : blogs, réseaux sociaux, intérêt pour l’ADN à visée généalogique, etc.
Toutefois, Sandra Fontanaud (docteure en sociologie, CURAPP-ESS, Université de Picardie Jules Verne) a parlé d’une autre vision de la généalogie dans sa présentation La production des ancêtres : une pratique culturelle comme les autres ?
Cette différence d’opinion s’explique simplement. L’étude présentée par Sandra Fontanaud a été réalisée il y a dix ans. Comprenez bien qu’une étude sociologique ne se réalise à coup de sondages sur Internet et d’études réalisées en deux semaines. D’où le décalage.
Toutefois, il est intéressant de voir comment notre pratique, et nous-mêmes, avons évolué en dix ans. Dans sa conclusion, Patrice Marcilloux, professeur d’archivistique, TEMOS, Université d’Angers, a bien souligné l’intérêt qu’il y aurait de relancer une telle étude.
En conclusion, ces deux jours furent très riches en rencontres (mention spéciale à Aliénor, Bruno et Brigitte), mais aussi en découvertes et en réflexions.
La généalogie est un monde en perpétuelle évolution.
Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver un résumé :
- du colloque sur Convergence, le blogue de l’Association des archivistes du Québec.
- de chacune des interventions sur le blog de Brigitte Guebels Les mondes de la généalogie.
Merci Sophie pour la mention. Pas de temps pour le challengeaz mais de la lecture à foison. Brigitte G
Merci de nous faire partager vos diverses expériences au delà de la recherche d’ancêtres pure. C’est vraiment très intéressant.
Sympa ce #ChallengeAZ 2019 qui nous permet d’entrer dans le monde des pro de la généalogie.
Vraiment sympa de nous faire partager ton quotidien et réflexions de généalogiste professionnelle ! Merci Sophie et bon #ChallengeAZ à toi !
ANGERS, c’est ma ville, là où il fait bon vivre….
merci de commencer ce challenge en citant cette ville.
Je vais y retourner vivre en Janvier 2020.
bon challenge2019 !
mclo85.over-blog.com
Très chouette thème de challenge, merci de nous emmener dans tes valises. Pour l’aspect sociologie, pour avoir suivi de loin quelques travaux dans ma branche, je t’avoue que la taille parfois réduite des échantillons sur lesquels sont menés les travaux froisse mon esprit scientifique.
Merci Elodie. Je suis d’accord avec toi. C’est pourquoi j’ai choisi d’étudier tous les Saisdubreil de La Bouëxière (mon challenge 2018). Bien que scientifiquement cela soit plus correct, c’est aussi un autre niveau de travail auquel nous ne sommes pas préparés en tant que généalogiste !
Merci pour votre blog et nous faire partager vos recherches et aussi vos préoccupations. Je vais vous suivre avec intérêt. A bientôt. Danièle
Bonjour Danièle,
Merci beaucoup pour votre message. J’espère que vous trouverez du plaisir tout au long de ce challenge. N’hésitez à parcourir le blog pour découvrir d’autres articles !