Des jumeaux dans ma généalogie
Gallica Généalogie personnelle Sur le Blog...

Des jumeaux dans mon arbre généalogique

10 octobre 2020

Y-a-t-il des jumeaux dans mon arbre généalogique ? En voulant répondre à cette question, j’ai re-découvert certains individus de mon arbre et j’ai enrichi mon histoire familiale.

C’est une question que l’on se pose rarement, à moins d’être soi-même un jumeau ou d’en connaître. En recherchant les jumeaux dans ma généalogie, j’ai découvert que mes ancêtres féminines ne rentraient pas forcément dans les statistiques médicales, mais aussi ce qu’elles ont vécu en tant que parturiantes à une époque où la gynécologie n’existait pas.

Comment trouver les jumeaux dans mon arbre généalogique ?

Le logiciel Heredis, version 2021, comprend une série de recherches pré-enregistrées, dont celle qui vous permettra de découvrir s’il y a des jumeaux dans votre arbre généalogique. Vous pouvez choisir d’afficher les jumeaux uniquement dans votre ligné Sosa ou dans l’ensemble du fichier.

Des jumeaux dans ma généalogie, Heredis2021

Les jumeaux de ma lignée Sosa

Trois ancêtres, tous de mon côté maternel, ont des jumeaux. Tous les trois sont originaires de l’Ille-et-Vilaine.

Le plus ancien est François Semeril, baptisé le 4 janvier 1683 à Monthault. Je ne connais pas le destin de sa sœur jumelle, Sansonne. Ils seront les seuls du couple Semeril / Garnier, Martin leur père, decèdera trois ans plus tard. Puis naît Perrine, le 21 août 1720 à Mecé. Sa sœur Jeanne, atteindra aussi l’âge adulte, se mariera et aura cinq enfants. Perrine, quant à elle, aura treize enfants. Elle décèdera à l’âge de 68 ans.

Enfin, il faudra attendre le 13 avril 1794 pour voir naître mon dernier ancêtre jumeau, Mathurin Marolle. Sa sœur Renée n’atteindra pas sa première année. Elle meurt à cinq mois. Mathurin est le père de quatre enfants. Il décède trois mois avant la naissance son dernier né. Il avait 31 ans.

En Ille-et-Vilaine, il était de tradition de lancer des dragées aux enfants à la sortie du baptême. S’il s’agissait d’une famille aisée, quelques piècettes pouvaient accompagner les bonbons. Les frais du baptême sont répartis entre le parrain et la marraine. Ces derniers, ainsi que les invités vont offrir à la mère diverses vivres. Cadeaux bienvenus lorsque la famille s’agrandit non pas d’une, mais de deux bouches supplémentaires à nourrir.

Des jumeaux dans ma généalogie, lits jumeaux

Les jumeaux dans ma généalogie et les statistiques

L’arbre généalogique de ma famille compte seize paires de jumeaux, dont deux sont mes petites cousines. Les études scientifiques ont montré que l’âge de la mère (plus de 30 ans) et le rang de naissance (vers le bas de la fratrie) étaient deux facteurs qui entraînaient une hausse significative de grossesses gémellaires.

Influence de l’âge de la mère

Une étude historique (Gutierrez et Houdaille) conduite sur 39 villages ruraux entre 1700 et 1829 montre que la fréquence des naissances gémellaires passe de 6,2 pour mille pour les femmes de 20 à 24 ans, à 15,4 pour mille pour les femmes de 35 à 39 ans.

Les ancêtres de ma fille font mentir ces valeurs. Sur les quinze naissances observées, plus de la moitié concerne des jeunes mères, entre 20 et 29 ans.

Âge de la mère à la naissance de jumeaux
Âge de la mère à la naissance de jumeaux

Rang de l’accouchement

Comme je l’ai écris plus tôt, les études montrent que la probabilité d’une grossesse gémellaire augment avec le rang de naissance. La fréquence la plus significative se situant autour des sixième et septième rang. À ce niveau, l’âge moyen de la mère dans l’étude Gutierrez Houdaille est de 36,6 ans. En regardant l’âge moyen de mères de jumeaux dans l’arbre généalogique, il est raisonnable de penser qu’elles ne rentrent pas dans ce cadre. En effet, seules deux mères correspondent aux profils relevés. Âgées de 36 et 42 ans, il s’agit respectivement de leur septième et neuvième accouchement. Dans 80 % des naissances de jumeaux, il s’agit à parts égales du premier, deuxième et troisième accouchement.

Il est intéressant de noter que pour un des cas, Perrine Baudy, elle-même jumelle, a donné naissance à deux jumeaux, au même âge que sa mère, et avec le même rang de naissance (troisième accouchement). Aucun des jumeaux ne passera la première semaine d’existence.

Rang de naissance des jumeaux / âge moyen de la mère

Différences géographiques

Dans l’étude menée sur les 39 villages, la région la plus impactée était le Nord-Est, puis le Nord-Ouest, le Sud-Est et le Sud-Ouest. La Somme et la Loire-Atlantique sont deux départements représentés dans l’étude et présent dans mon analyse personnelle avec respectivement deux et une naissances gémellaires. Il est à noté que dans le cas des deux paires de jumeaux nés dans la Somme, il s’agit de la même famille avec une relation oncles / neveux.

Étonnament, l’Ille-et-Vilaine n’a pas été échantillonné dans les 39 villages. Ce qui est bien dommage pour ma compréhension des grossesses multiples dans ma généalogie, puisque j’y recense dix naissances de jumeaux entre 1600 et 1900, dont sept ont eu lieu au XVIIIe siècle. La répartition géographique est assez variée puisque sept villages sont concernés.

Gémellité par sexe

La répartition de la gémellité par sexe rejoint les données de l’étude. L’enquête de 1700-1829 relève les proportions suivantes : 30% des naissances concernaient deux garçons, 30 % deux filles, 35 % un garçon une fille, et 5% le sexe n’était pas déclaré. Dans les quinze naissances que j’ai étudiées, les proportions sont respectivement de 40 %, 27 % et 33 % (il n’y a pas de cas de sexe non déclaré).

Destin des jumeaux

En généalogie, ce qui nous intéresse le plus est la vie des individus. Toutefois dans le cas présent, il est intéressant de connaître statistiquement le destin des jumeaux. Alors que mon étude a montré que la majorité des naissances a eu lieu entre 1700 et 1800, la majorité des jumeaux sont arrivés à l’âge adulte. Toutefois, ce chiffre est à pondérer avec le fait qu’il n’a pas été possible de déterminer le destin pour 23 % d’entre eux. Nos ancêtres et leurs collatéraux font encore mentir l’étude Guttierez Houdaille, puisque cette dernière relève que 44 % des jumeaux sont décédés durant leur première année. Seulement 9% ont atteint l’âge adulte.

Destin des enfants jumeaux au 18e siècle
Destin des jumeaux

Il est facile d’imaginer les conditions difficiles dans lesquelles devaient grandir des jumeaux, surtout pendant les années de misère (1680-1720). Qu’en-est-il des mères ? Dans quelles conditions accouchaient-elles ?

François Mauriceau sur l'accouchement des enfants jumeaux

Accoucher au XVIIe siècle

François Mauriceau est maître-chirurgien à Paris dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Il s’est fait une spécialité des accouchements. Pendant ses années de pratique, il note scrupuleusement les accouchements qu’il a pratiqués, ses remarques sur l’état des parturiantes. Son livre Observations sur la grossesse et l’accouchement des femmes est consultable sur Gallica et a fait l’objet d’un travail d’étude et de recherche mené par Marine Laville.

Dans son observation numéro 129, Mauriceau relève trois points au sujet des femmes enceintes de deux enfants : elles sont toujours plus valétudinaires dans tout le temps de leur grossesse que les autres [femmes enceintes], elles ont ordinairement les jambes enflées vers les derniers mois de leur grossesse, enfin, elles accouchent presque toujours quelques temps avant le terme ordinaire.

Mauriceau évoque le cas de la détection de la gémellité chez la femme enceinte. Si dans certains cas, le ventre distendu de la mère ne laisse aucun doute, il recommande après avoir accouché une femme, de toujours porter la main sur son ventre pour s’assurer qu’il n’y en ait pas un deuxième. Pour appuyer sa remarque, il n’hésite pas à citer le cas de sages-femmes “ayant laissé par inadvertance” un autre enfant, faisant mourir celui-ci et mettant en danger la mère (observation 325). L’observation 522 vient appuyer cette remarque. François Mauriceau y relate le cas d’une sage-femme ayant laissé pendant trois heures la parturiente et le second jumeau pour s’occuper du premier-né. Le second se présentant par une main et un pied, le chirurgien repousse la main et tire l’enfant par le pied.

Si Mauriceau semble considérer sincèrement le bien-être de la mère et de l’enfant, ce n’est pas le cas de nombre de ses confrères, dont il cite les manquements tels que :

  • Utérus lacéré
  • Laisse la patiente dans un état déplorable pour aller se reposer
  • Enfant démembré (le premier chirurgien arrache la tête, le second les bras, le troisième un pied. Mauriceau interviendra pour extraire ce qui reste du corps. Mythe ou réalité pour se mettre en avant ?)

Les observations de François Mauriceau nous renseignent sur la réalité de la grossesse et de l’accouchement au XVIIe siècle. En lisant ses écrits, je pense aux femmes de ma généalogie, de nos généalogies, et j’admire leur courage et leur force pour accoucher dans des maisons au sol de terre battue, confiée aux mains d’une matrone plus ou moins fiable.

Cet article a été inspiré par le billet de Raymond Deborde, Mes jumeaux, publié le 3 octobre 2020 sur le blog L’Arbre de nos ancêtres [https://arbredenosancetres.wordpress.com/2020/10/03/mes-jumeaux/]

Crédits images :

Mauriceau François, Position de jumeaux au moment de l’accouchement (Paris : 1675), BIU Santé URL : https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/image?02416

François Mauriceau, The National Library of Medicine, 1682 URL : http://resource.nlm.nih.gov/101423154

Bibliographie :

Gutierrez Hector, Houdaille Jacques. Les accouchements multiples dans la France ancienne. In: Population, 38e année, n°3, 1983. pp. 479-490. URL : https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1983_num_38_3_17760

Brunet Guy, Bideau Alain, Foroni Fabrice, « Les naissances gémellaires du XVIIe siècle à nos jours. Approche familiale dans les campagnes de la région lyonnaise », Annales de démographie historique, 2004/2 (no 108), p. 39-52. DOI : 10.3917/adh.108.0039. URL : https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2004-2-page-39.htm

Marine Laville. Accoucher au XVIIe siècle: les Observations sur la grossesse et l’accouchement des femmes et sur leurs maladies et celles des enfants nouveau-nés du chirurgien-accoucheur François Mauriceau. Histoire. 2014. dumas-01102357 URL : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01102357

François Mauriceau, Observations sur la grossesse et l’accouchement des femmes, et sur leurs maladies & celles des enfans nouveau-nez (Paris : 1694) URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6552461g

Only registered users can comment.

  1. La cousine germaine de mon papa (93 ans) à eu 11 enfants dont 4 fois des jumeaux.
    J’ai remonté la lignée de chacun des parents et n’ai pas trouvé trace de jumeaux avant.
    Je n’ai pas trouvé de jumeaux non plus parmi les descendants de ces jumeaux.
    Cet exemple fat mentir toutes les théories avancées sur les jumeaux !!!!!!

    1. Bonjour Pierrette,

      Pas forcément. Certaines de vos ancêtres ont pu avoir des jumeaux, mais fait des fausses-couches. Dans ce cas, ce n’est pas documenté 😉

      Sophie Boudarel

    2. Il n’y a pas de théorie sur la gestation systématique de jumeaux. La gémellité est une hérédité. Le gêne est porté par la mère, il se reproduit ou non…
      Les théories auxquelles vous faites allusion sont des vieux ragots sans fondement qui étaient colportés allègrement.
      En 2021 avec les moyens d’accès aux vraies informations vous découvrirez tout ce qui concerne les jumeaux.
      Cdlt,

  2. Effectuant des recherches généalogiques; j’ai constaté que mon arrière arrière grand-mère qui se prénommait Françoise avait eu une soeur jumelle du prénom d’Etiennette nées en 1816 à l’hospice de LYON de parents inconnus. Mon aïeule Françoise fille mère eut un fils et était fille mère, c’est la raison pour laquelle je porte son patronyme qui est le nom d’une famille bastiaise et d’un petit village du cap. Récemment , je me suis aperçu dans mes recherches qu’en corse, 4 familles avaient eu des jumeaux dans le même 19 ème siècle et portant le même patronyme. Les dates qui se rapprochent le plus sont; 26 décembre 1816 pour mes aïeules et 20 avril 1816 pour deux jumeaux de Corse. Peut-on entrevoir une parenté entre ces jumeaux et les autres jumeaux de Corse ? Et serait-il possible que les deux cas de 1816 soient issus des mêmes parents en si peu de temps (avril à décembre1816) (250 jours). Si quelqu’un veut me donner un avis cela pourrait m’aider dans mes recherches. Un grand merci d’avance.

  3. Bonjour, il y a un monde de recherches à faire sur le sujet. Il y a quelques jumeaux un peu partout, mais, je n’en ai jamais vu autant qu’à la Côte Saint André, en Isère. Plusieurs triplés dans mes ascendants. mais aussi beaucoup dans d’autres familles. Je n’ai pas d’explication pour ça….

  4. Bonjour, sujet très intéressant!
    Une soeur de ma mère, et ma marraine, a mis au monde 13 enfants! Dont 5 fois des jumeaux! 2 sont nés en Janvier et 2 autres en Décembre de la même année…Qui dit mieux?

  5. Le cas de démenbrement d’un enfant lors de la naissance a toujours existé .
    Pour sauver la mère par suite d’un enfant tros gros et déjà engagé , ou même des voies génitales trop réduites .
    La pratique de la césarienne est dans certains cas indispensable à la naissance , si elle n’a pu être pratiquer en temps voulu ; la nécessité conduit à de telles extrémités .
    Donner naissance est toujours une circonstance de mort et en celà reste admirable .

  6. Bonjour, La sœur de mon père a eu des jumelles en 1938, à 23 ans. L’un d’elle a eu des jumelles en 1962, à 24 ans. Fait assez rare disait-on car une jumelle a peu de chance d’avoir des jumeaux.
    Dans le Pays de Caux, j’ai établi des “Livrets de famille” pour certains couples, mais pas pour tous, loin s’en faut. Sur 19 accouchements (sans compter 1938 et 1962), 26% de garçons, 32 % de filles et 42% garçon-fille. Il semblerait que 8 enfants sur 38 n’aient pas atteint l’âge adulte.
    L’âge des mères va de 19 à 46 ans ; dont 2 de 24 ans, 2 de 28 ans, 2 de 32 ans et 4 de 33 ans.
    Merci pour cet article que j’espérais depuis longtemps.

  7. Bonjour,

    Il arrive qu’un Officiel d’ État-Civil, lorsqu’une naissance de jumeaux est déclarée, il transcrit les deux prénoms, séparés par trait d’union, c’est ce que j’ai découvert, dans les actes en ligne de la Commune de Tarasteix (65), ou le 24/14/1817 a été déclarés la naissance de Jean et Baptiste ESQUERRE-COURDESSUS, transcrit par l’Officier d’ État-Civil en Jean-Baptiste ESQUERRE-COURDESSUS, fils de Jean ESQUERRE-COURDESSUS (25 ans Laboureur) et de Marie PÉHAURE-GRANGE.
    En arrivant sur les actes de mariages de 1848, je trouve l’acte de mariage de Jean ESQUERRE le 14/09/1848, avec délivrance d’un acte de notoriété du 19/02/1848, indiquant une date de naissance approximative vers la fin de 1817. Baptiste s’est marié le 29/01/1856 à l’age de 38 ans à Tarasteix (65).
    L’actuel Maire de Tarasteix, a fait le relevé des ancêtres des Tarasteixois, il m’avait demandé un fichier Gedcom de mes ancêtres de Tarasteix (65), en Juin 2015 (Il m’ atrouvé sur Geneanet). D’après un article paru dans La Nouvelle République des Hautes-Pyrénées du Samedi 25 Juin 2016, il est remonté jusqu’en 1620, alors que les microfilms de Tarasteix (2 bobines) de FamilySearch, remontent à 1750). Il a du recevoir une proposition de RELHP65 5relevés en Hautes-Pyrénées), de mettre en ligne sur le site Internet de RELHP65, le fruit de ses recherches, il semble qu’il n’a pas répondu.
    Cordialement,
    Bernard Herrou

  8. Bonjour,

    Juste une petite remarque : attention à la requête Heredis qui exclut un cas de figure !

    Vous utilisez la requête toute faite, “enfants nés le même jour”, mais il peut y avoir des jumeaux nés 2 jours différents. C’est le cas de mes tantes, nées 2 jours consécutifs, l’une née avant minuit, l’autre après, et qui ne sont donc pas considérées comme jumelles par Heredis.

    Pour être sûr(e) de prendre tous les jumeaux, il faut leur créer un lien “jumeau” et ensuite créer une requête personnelle basée sur ce lien.
    Cela oblige à le faire pour toutes les paires, mais à ce jour c’est le seul moyen de ne pas rater ce cas de figure avec ce logiciel.

    Bien à vous.

  9. Bonjour,
    une de mes ancêtres est décédée en 1860, à 38 ans, en accouchant de triplés (deux filles et un garçon) mort-nés. C’était son 9e accouchement. Elle laissait 7 autres enfants en vie (son aînée n’ayant vécu que quelques mois). La plus âgée avait 15 ans.
    Merci pour votre article très documenté.
    Catherine

  10. nous avons découvert dans les archives de 71 le cas d’une femme ayant mis au monde deux filles à un mois d’intervalle et avons publié ce cas avec les diverses hypothèses médicales et obstétricales s’y reportant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.