Il n’y a pas que les cimetières en généalogie ! Il y a aussi les églises. Certaines d’entre-elles possèdent des trésors pour le généalogiste curieux.
Les cimetières n’ont plus de secrets pour les généalogistes. D’ailleurs, beaucoup se disent taphophiles. Peut-être l’êtes-vous ? Au-delà du cimetière, vous découvrez l’église où vos ancêtres ont été célébrés ou ont simplement assisté aux messes. Vous admirez l’architecture, les vitraux. Vous intéressez-vous aussi aux détails ? Ces petits riens, parfois dissimulés, qui peuvent se révéler être de belles surprises.
Le mobilier
Le mobilier liturgique attire le visiteur par sa magnificence, telles les chaires. Vous imaginez vos ancêtres entrer pieusement dans le confessionnal. Que pouvait-il ou elle dire ? Est-ce là les seules traces laissées par ceux qui vous ont précédés ? Pas tout à fait.
Le placement dans les églises était ordonné. Aux premiers rangs, les nobles, qui achetaient leur banc. Viennent ensuite ceux qui peuvent s’offrir la location d’un banc ou d’une chaise. Enfin, vient le reste des fidèles.
Les bancs et les chaises étaient marqués d’une plaque de cuivre au nom de leur propriétaire. Au gré des réaménagements des églises, il reste peu de ce mobilier. Toutefois, je vous conseille de vérifier systématiquement. Vous n’êtes pas à l’abri d’une bonne surprise.
En plus, des bancs et des chaises, soyez curieux. Poussez votre recherche dans le mobilier relégué dans un coin de l’église… Vous pourriez découvrir une chaise gravée au nom de votre ancêtre.
Ainsi, cette chaise, mise au rebut dans un coin de l’église de Guerlesquin, dans le Finistère. Elle ne possède pas de plaque, mais est gravée, ce qui est plus rare. Qui est Mme Tilly Charles ?
Une recherche dans Geneanet nous donne deux pistes :
- Françoise Saint-Jalme (1855-1932), mariée à Charles Marie Tilly (1850-1882) (sa généalogie sur Geneanet)
- Valentine Callarec (1911 – 2006), mariée à Charles Guillaume Tilly (1903-1982), petit-fils du couple Tilly/Saint-Jalme (sa généalogie sur Geneanet)
Les chaises d’églises se seraient généralisées vers 1870-1900. Cet élément semble indiquer que la chaise appartenait à Françoise Saint-Jalme. Elle aurait été gravée avant 1882, date du décès de Charles Marie Tilly.
Longue lignée de marchands bouchers, la famille Tilly est bien implantée à Guerlesquin.
Si vous trouvez un banc ou une chaise au nom de vos ancêtre, sachez que l’achat de banc ou de chaise peut être retrouvé dans les actes notariés, ainsi que dans les conseils de fabrique (série G).
Les vitraux
Certaines églises ont échappé aux vicissitudes du temps et conservent des vitraux anciens. Si des vitraux cassés ou détruits ont été remplacés par des œuvres plus modernes, certains, commandités par des familles, commémorent un des leurs ou un événement.
Parmi ceux-ci, les vitraux commémorants la Première Guerre mondiale. Certains sont génériques, alors que d’autres soulignent l’acte d’un soldat, dont on trouvera l’effigie sur la représentation.
D’autres vitraux commémorent un événement, comme ce pèlerinage des Terre-Neuvas à Saint-Suliac, en Ille-et-Vilaine. En 1910, les Terre-Neuvas furent rudement touchés par une vague de pertes. Les marins de Saint-Suliac, eux, sont épargnés. En reconnaissance, les marins firent un pèlerinage. C’est ce pèlerinage que représente ce vitrail. Ils y sont représentés physiquement et leurs noms sont indiqués.
Les pierres tombales
Elles ne sont pas que dans les cimetières. Votre ancêtre a peut-être pu se faire inhumer dans l’église, voire sous son banc. Vous avez certainement déjà essayé de déchiffrer les inscriptions, effacées par le temps et les milliers de pas qui les ont parcourues.
Les matériaux ré-exploités, les pierres tombales peuvent aussi se faire voyageuses et se retrouver dans des endroits inattendus, comme une marche ou un rebord de fontaine.
Les boîtes à chef
Prêt pour une rencontre en tête-à-tête avec votre ancêtre ? Contrairement à une idée reçue, ces boîtes à crâne ou à chef, ne sont pas propres à la Bretagne. Bien que les plus connues se situent à Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère, vous trouverez aussi une trentaine de boîtes au cimetière Saint-Hilaire de Marville, dans la Meuse, comme en atteste cette vidéo (à partir de 3’48).
Environ cinq ans après l’inhumation, le temps que les chairs soient décomposées, le corps était exhumé, et le crâne placé dans une boîte. Ces boîtes contenaient une ouverture, parfois en forme de cœur, pour apercevoir le crâne. Sur ces boîtes sont inscrits l’identité du défunt, ainsi que la date du décès.
En conclusion
Que vous soyez croyant ou non, passionné d’architecture religieuse ou non, poussez la porte de l’église du village ou du quartier de vos ancêtres. Soyez à l’affut du moindre détail. Votre ancêtre n’attend peut-être que vous, via une chaise, un vitrail, au détour d’un chemin, ou dans une boîte.
Sources et bibliographie
- de Gasquet, B. (2019, 29 octobre). « Comme à la messe : hommes à droite, femmes à gauche » (2) : batailles de bancs à l’église. Matières religieuses. Consulté le 7 août 2022, à l’adresse https://matieres.hypotheses.org/7
- Histoire locale : les chaises d’église. (2016, 3 avril). Le Leyzou. Consulté le 7 août 2022, à l’adresse https://journal-savignacsurleyze.blogspot.com/2016/04/histoire-locale-les-chaises-deglise.html
- Magnier, J., Guironnet, M., Mongaï, R., & Sabot, T. (2016, 14 janvier). Inhumé « sous leur banc » – www.histoire-genealogie.com. Histoire-Généalogie. Consulté le 7 août 2022, à l’adresse https://www.histoire-genealogie.com/Inhume-sous-leur-banc
entre les arts à étudier ( art roman, art gothique avec ses variations, art plus moderne..;) et les évènements qui s’y rapportent en liaison avec nos ancêtres, IL Y A BEAUCOUP A FAIRE !!!!!
Merci Sophie pour ces nouvelles pistes de recherche pour nos aïeux.
Très interessant.
MF